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samedi 22 juin 2013

Petit classique toujours actuel

Octave Mirbeau, La Grève des électeurs.
Le Figaro, 28 novembre 1888. 
Les sérieux, les austères, les "peuple souverain", ceux-là qui sentent une ivresse les gagner lorsqu'ils se regardent et se disent : « Je suis électeur ! Rien ne se fait que par moi. Je suis la base de la société moderne. Par ma volonté, Floque fait des lois auxquelles sont astreints trente-six millions d'hommes, et Baudry d'Asson aussi, et Pierre Alype également. » Comment y en a-t-il encore de cet acabit ? Comment, si entêtés, si orgueilleux, si paradoxaux qu'ils soient, n'ont-ils pas été, depuis longtemps, découragés et honteux de leur œuvre ? Comment peut-il arriver qu'il se rencontre quelque part, même dans le fond des landes perdues de la Bretagne, même dans les inaccessibles cavernes des Cévennes et des Pyrénées, un bonhomme assez stupide, assez déraisonnable, assez aveugle à ce qui se voit, assez sourd à ce qui se dit, pour voter bleu, blanc ou rouge, sans que rien l'y oblige, sans qu'on le paye ou sans qu'on le soûle ? 
Extrait d'un petit texte de Mirbeau, paru en 1888, et réédité de nombreuses fois depuis [et facilement accessible sur internet]

Incisive et ironique, une lecture qui se prend comme on sirote un doux breuvage par une belle soirée d'été...et oui, l'été débute aujourd'hui...

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