Être entourée de livres, d'images et de mots et tenter d'en dire quelque chose, de partager...

Garder une trace, vaine intention, peut être... Tant pis...

Un blog à défaut -blogger - (et oui, je cède à la simplicité et je me fais complice de google, tant pis....). Les messages s'affichent des plus récents aux plus anciens...



mardi 25 mars 2014

L'étrange beauté du monde

Frédéric Pajak, Léa Lund, Les Editions du Noir sur Blanc, 2008.





« Récit écrit et dessiné » 








Auscultation d'un couple à travers l’œil d'un moi.
Des années à la loupe pour ne saisir que quelques étincelles, éclats, débris.
Lui s'occupe du verbe, elle du trait. 
Mettre des mots sur des instantanés attrapés, 
Croquer la vie pendant qu'elle se dévoile,
Et dans un objet réunir les fragments.
Un couple ici, une histoire débutée il y a plus de vingt-cinq ans,
Dévoilée? Racontée.
Le récit allie le trait et la lettre, le lui et l'elle,
L’âpreté et la douceur, l’acharnement et la désinvolture.
L'émotion et l'idée ...l'idée émotionnelle. 


La lecture débuta, dans un univers vibrant, tambours battants de machines à laver, secouée.
Elle s'acheva aux vrombissements des rails, remuée.
D'où vint que mon cœur fut troublé ?

mardi 18 mars 2014

Le garage hermétique


Moebius, Les Humanoïdes Associés, 2000 (1979)


Bande dessinée parue en feuilleton, elle est rythmée par cette périodicité. Ni en s'entrechoquant, ni en s'alignant, les épisodes s'enchevêtrent dans une logique incertaine et dense qui ouvre le champ à des possibles multiples. On pénètre alors dans un univers, un espace indéfini et pourtant minutieusement circonscrit.

Les lire d'une traite comme le propose l'intégrale est certainement une expérience tout autre que de les découvrir à chaque nouvelle livraison de Métal Hurlant où ils furent initialement publiés dans la seconde moité des années 1970. Consciente  de cet avantage, j'y ai pris un souverain plaisir de ne pas avoir à patienter. Embarquée dans l'aventure, j'ai marqué plus d'une fois mes propres temps de répit, revenant aux pages précédentes, empruntant divers chemins de lecture.


L'auteur joue de la contrainte séquentielle propre à la bande dessinée, redoublée ici, par celle du feuilleton. Elles deviennent de véritables sources de création. Le découpage graphique est d'une richesse impressionnante, les planches sont soignées et les bandeaux et résumés sont directement insérés au reste de la page et à la narration.

  
Bande dessinée de science fiction, il n'est pas difficile de se laisser partir dans l'univers décrit, de s'y perdre aussi. Hermétique tout semble pourtant poreux, menacé et finalement en déliquescence. En partance, les personnages le sont tous. En urgence, en quête, en fuite ou en exil, le déplacement est incessant. Les dessins sont voluptueux, les faciès et les corps volontairement androgynes, les frontières se brouillent ici aussi et l'on se questionne sur le sens d’hermétisme....
 

Alors, vient le burlesque. L'humour titille et ne cesse de piquer le lecteur, il pose une certaine distance avec le récit, il empêche de complètement se laisser happer et conduit finalement à toujours plus s'interroger. 


L'album est  enfin riche en références. Qu'elles soient  internes au champ de la bande dessinée ou à l'époque culturelle dans laquelle elle fut créée, Moebius se fait plaisir et semble s'amuser avec celui qui le lit.
Je n'ai probablement pu n'en saisir que quelques-unes, mais cette intertextualité –est-ce le mot qui convient- apporte une fois encore un niveau de lecture supplémentaire.

  
Une histoire insoupçonnable, une lecture inter-scalaire, cet album fut pour moi une vraie découverte et une belle entrée dans l'univers de Moebius qui jusque-là, restait un horizon largement inconnu.

mardi 11 mars 2014

Le Rayon vert


Frédéric Boilet, les Impressions Nouvelles, 2009 (1987, Magic Strip).


Une fois de plus j'ai trouvé dans cette lecture beaucoup de points d'ancrage au détour d'un prénom, d'un son, d'une ascension et là-dedans, m'y suis glissée. La lecture est personnelle, j'ai souvent l'impression que je ne peux lire, voir, entendre que si je m'approprie l'objet à moins que ce ne soit l'inverse..aller-retour non maîtrisé...

Boilet est un auteur vosgien, empreinte. Cette bande dessinée est sa première œuvre personnelle, il est alors âgé 25 ans. Je l'ai lu dans une réédition récente parue chez l'éditeur « Les Impressions Nouvelles ». Pour l'occasion les couleurs ont été retravaillées et un petit dossier de quelques pages a été ajouté.
L'histoire je ne voudrais pas la défleurer; mais elle est celle d'une réminiscence, d'une quête et d'une violence.
Deux espaces et temporalités se croisent, d’un côté la cime du Pic du Midi, de l'autre les hauteurs de la cathédrale de Strasbourg, empreinte. A chaque lieu, on traque un point du jour, un bref instantané, aussi éphémère qu'éblouissant. Ancrage.

Le Rayon vert et ce qui scelle l'union. D'une certaine manière, il est aussi incarné par deux jeunes comédiennes dont le spectacle prend source dans l’œuvre de Jules Verne. Écrivain fantastique, il est aussi celui de romans sentimentaux et "le Rayon vert" en fait partie.

Imbriquées dans un triangle narratif, trois histoires inéluctablement se rejoignent. La mise en scène est joliment orchestrée, des cases et des pages se répondent tant dans les formes que dans les couleurs, des symétries se créent, des contraires se dressent. Certaines cases sont saisissantes, foudroyantes, comme le rayon vert. Reste le trait qui pour moi fait un peu défaut. Cependant j'ai aimé. Et cette lecture m'a tout autant captivée, qu'émue.



Case extraite de la page 43.

mardi 4 mars 2014

Au détour...







Murs en branle ou en beauté,
Disent parfois la révolte.
A se cogner contre eux
on se mue.
Ebranlé, embelli, en colère,
A son tour de cogner! 

 
Rues parisiennes, quartier Belleville, mars 2014