Ángel de la Calle (traduit de l’espagnol par
Rachel Viné-Krupa).
Coédition Vertige Graphic / Envie de lire, 2011
Partir sur les traces d’un personnage, tel est
le projet de cette bande dessinée.
Tina Modotti est une femme d’exil, de couleur,
de souffrance et d’amour.
Son parcours mêle engagement politique – communiste – et artistique – la photographie. L’un cédant la place à l’autre. Passionnément, elle avance, conjuguant les refus, l’abandon et la lutte.
Son parcours mêle engagement politique – communiste – et artistique – la photographie. L’un cédant la place à l’autre. Passionnément, elle avance, conjuguant les refus, l’abandon et la lutte.
Plus qu’une biographie, ce récit narre la
rencontre de l’auteur et cette femme. Approche réflexive et
parcours croisés,il invite le
lecteur dans sa propre quête. Il navigue dans un monde bâti,
détruit, trahi, une époque écoulée, aborde le cœur d’une
femme, univers insondable.
Pas de déballage, un regard toujours pudique.
L’auteur ne choisit pas, il parle d’elle, il part d’elle.
Exigeant dans son enquête, mais aussi respectueux. Militant de son temps, il n'est pas prescripteur. Il parle d’une histoire sombre,
belle et cruelle. Débordant l’écrit historique, il se situe ni en deçà ni
au-delà, mais dans un espace de vies, vécues, appréhendées, imaginées.
La lecture est dense, l’auteur ne fait pas
l’économie des mots. Il laisse souvent place à la parole
conservée, introduisant des extraits de correspondances, mais aussi
des écrits d’auteurs contemporains d’hier et d’aujourd’hui.
Les corps dépouillés par des formes graphiques simples, n’en sont
pas moins présents, vivants et morts. A la lumière des images les
mots s'éclairent et les images se révèlent à la force des mots.
Le traitement de l’archive est pleinement
visuel, comment rendre l’expérience photographique de Tina, à
travers une bande dessinée ? De son œuvre, il reste des clichés,
quelques-uns exposés dans des musées et galeries et d’autres
conservés dans des albums. La matière photographique n'est pas
introduite, directement. Jamais brutes, l'auteur s'approprie les
photographies par le dessin. Plus qu’une simple représentation,
moins qu’une interprétation, il les incorpore à la trame
narrative et séquentielle des pages. Par ces détournements, il
apporte un souffle de vie et retrace les contours d'histoires saisies
par l'objectif.
Curieux, le lecteur peut découvrir à la fin de
l’ouvrage, plusieurs reproductions photographiques, une
bibliographie et quelques notes de l’auteur. Dévoilant son
atelier, il invite à prolonger la découverte de l’œuvre
de Tina Modotti, à poursuivre la mise en perspective des utopies en germe, des illusions déçues.