Être entourée de livres, d'images et de mots et tenter d'en dire quelque chose, de partager...

Garder une trace, vaine intention, peut être... Tant pis...

Un blog à défaut -blogger - (et oui, je cède à la simplicité et je me fais complice de google, tant pis....). Les messages s'affichent des plus récents aux plus anciens...



jeudi 27 juin 2013

Chocker

Ben Mc Cool, Ben Templesmith, Delcourt, 2012.


Un ex-flic qui s'attache à sa vie d'avant, ça me plait moyennement, c'est mal parti. Heureusement le personnage a de quoi rendre attachant, cynique et antipathique, un bon classique du genre. En guise de préambule, le lecteur est averti : «Monde de merde, ville pourrie». Shotgun est une ville salle, dirigée par des politiciens véreux et gangrénée par une drogue aux effets carnassiers. L'ambiance est plantée, dommage, donc, que le scénario ne soit pas à la hauteur.
En ouvrant le livre les couleurs sautent aux yeux. C'est là que ce comics fait sensation. La palette est intégrale
Graphiquement, j'ai été happée par le dessin presque animé! Il y a du mouvement, de la rapidité, on sentirait presque le souffle d'un coup de poing ou celui de la rage! Plusieurs techniques sont à l’oeuvre et l'ensemble est probant. Le cadre noir des pages rehausse les contrastes, les personnages ont les «gueules de l'emploi», le travail sur les arrières-plans brouillés et allusifs rappelle le côté sale et corrosif de l'histoire. Le tout, enfin est souligné par un jeu de lumière maitrisé. 
Une surprenante découverte!

mardi 25 juin 2013


------------ Inviolabilité
Pair dans l'impair ------------ 
---------------------- L'unique, transpire-t-il ? --------------------


dimanche 23 juin 2013

Biographie et bande dessinée

Récemment, j'ai eu dans les mains deux bandes dessinées de genre biographique.

Tout comme leurs personnages - plongés dans la transition d'une fin de siècle et l'Italie, l'ivresse et l'insatisfaction..., les deux jeunes auteurs possèdent certains points communs. L'un et l'autre s'approprient le processus de création d'écrivain pour à leur tour, laisser cours à leur créativité.

En premier, il s'agit de «James Joyce - l'homme de Dublin». Le nom, plusieurs fois croisé dans mes lectures et la ville, Dublin, ont retenu mon attention. Sur la bande dessinée, mon avis est mitigé. Suivant une trame chronologique, la narration m'a parfois donné l'impression de peiner un peu. Les dessins, de leur côté, n'ont pas franchement accroché mon regard. Pourtant, je suis allée au bout, trouvant probablement dans la démarche de l'auteur, dans sa façon de pénétrer le personnage, un quelque chose qui interroge.

Vient ensuite «La vie rêvée du Capitaine Salgari» ; celle d'un petit bonhomme passant toute sa vie d'homme à raconter des histoires pour les enfants...et certainement aussi (déjà?) à l'enfant qu'il était. Le dessin est fourni, particulièrement pour les scènes urbaines et extérieures. La narration installe l'intrigue entre légèreté et inquiétude. Ici, pas de trame chronologique mais des «aller-retours». Voilà, peut-être pourquoi, je fus plus sensible à cette lecture. Elle m' a parlé - aller et venir à travers le temps, les lieux, la réalité et l'imaginaire, difficile tension de la linéarité. Le découpage de l'ouvrage vient alimenter ces passerelles. J'ai refermé le livre, émue.

James Joyce l'homme de Dublin. Alfonso Zapico, Futuropolis, 2013.

La vie rêvée du Capitaine Salgari. Paolo Bacilieri, Delcourt, 2013.

samedi 22 juin 2013

Petit classique toujours actuel

Octave Mirbeau, La Grève des électeurs.
Le Figaro, 28 novembre 1888. 
Les sérieux, les austères, les "peuple souverain", ceux-là qui sentent une ivresse les gagner lorsqu'ils se regardent et se disent : « Je suis électeur ! Rien ne se fait que par moi. Je suis la base de la société moderne. Par ma volonté, Floque fait des lois auxquelles sont astreints trente-six millions d'hommes, et Baudry d'Asson aussi, et Pierre Alype également. » Comment y en a-t-il encore de cet acabit ? Comment, si entêtés, si orgueilleux, si paradoxaux qu'ils soient, n'ont-ils pas été, depuis longtemps, découragés et honteux de leur œuvre ? Comment peut-il arriver qu'il se rencontre quelque part, même dans le fond des landes perdues de la Bretagne, même dans les inaccessibles cavernes des Cévennes et des Pyrénées, un bonhomme assez stupide, assez déraisonnable, assez aveugle à ce qui se voit, assez sourd à ce qui se dit, pour voter bleu, blanc ou rouge, sans que rien l'y oblige, sans qu'on le paye ou sans qu'on le soûle ? 
Extrait d'un petit texte de Mirbeau, paru en 1888, et réédité de nombreuses fois depuis [et facilement accessible sur internet]

Incisive et ironique, une lecture qui se prend comme on sirote un doux breuvage par une belle soirée d'été...et oui, l'été débute aujourd'hui...

mercredi 19 juin 2013

Hôtel particulier

Sorel, Casterman, 2013.

Le dessin est agréable, la monochromie aussi, l'histoire plaisante, je me suis laissée prendre. L'auteur joue de manière lascive, sans être impudique, avec le genre fantastique. La bande dessinée débute par un bain glacé au rythme de la prose éthérée de Rimbaud, elle se poursuit par le charnel, tantôt cru, tantôt voluptueux. La jeune héroïne est séduisante et le matou,son compère, bien léché. Leurs limites dépassent l'intime, ils s'en vont au delà du réel mais restent proches du quotiden; errant à deux dans un espace restreint, hôtel particulier. Avec eux, le lecteur pénètre les intérieurs, se fait voyeur et découvre derrière les portes, la débauche ordinaire de gens aigris ou romantiques, la folie douce, sanglante ou exubérante, les recoins de la vie...

---Et puis, il y a Baudelaire, alors, je me remémore--«Enivrez-vous»--

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. [...]
(In Les petits poèmes en prose)


mardi 18 juin 2013

Trait de Craie

Miguelanxo Prado, Casterman 2002.

On est plus attentif à certains conseils...cette bande dessinée je ne l'ai pas choisie par hasard. Assise non loin d'un phare, je me suis plongée dans le bleu qui prélude à l'histoire. Sentir le vent marin quand l'auteur, par son dessin, le rend présent dans la page, agréable sensation... Cependant, le jeu des concordances  n'est pas la seule raison qui m'a fait aimer cette bande dessinée. Captivante, est la manière dont Prado se sert des couleurs  et de l'épaisseur du pastel.Les personnages deviennent vivants et le décor s'anime
Graphiquement, c'est vraiment un très bel album. Nombreuses pages recèlent de cases qui se suffisent à elle-mêmes. L’œil s'arrête souvent à une courbe de silhouette, à un regard où 0à la couleur d'un ciel. L'ensemble est soigneusement découpé, élégamment équilibré, la trame narrative naît par le dessin. Dès l'exergue, le lecteur est mis en garde - une citation de Borgès, l'histoire est mystérieuse. Des marins en escale, sur une île presque silencieuse, se cherchent, se rencontrent et se cognent. La lecture questionne l'interprétation, et l'interprétation donne sens...
A découvrir...


samedi 15 juin 2013

Parker

Richard Stark, Darwin Cooke, Dargaud, 2010-2013.
Série en cours. Trois tomes.



Côte Est des Etats-Unis, Sixties, bières, pin-up et gros sous: le décor est planté. Surgit alors, Parker, espèce de colosse brut aux gros bras, taiseux et cynique, le personnage central. Le premier tome nous le présente en cavale, avide de satisfaire une vengeance et soigner son amour propre. Tuer d'accord, mais pas pour rien. Dans le deuxième, il s'attaque à l’Organisation - la mafia, garder son indépendance à tout prix! Le troisième, un gros casse, besoin de flouze et pas contre non plus quelques montées d'adrénaline. Pour l'instant donc, la série ne s'étiole pas.

Inspirée et plutôt bien, des livres de Richard Stark alias Donald Westlake. cette bande dessinée est efficace - la recette des polars, espace de digression, transfuge à portée de main...

L'adaptation de Darwin Cooke joue aussi beaucoup dans la balance. Le texte n'est pas négligé. Alternance de dialogues bien ciselés et de parties narratives plus classiques, l'auteur ne cache pas sa source : le roman. La mise en scène est bien ajustée. Quelques traits presque élastiques suffisent pour tailler l'allure des personnages, l'atmosphère graphique est originale. Chaque album possède sa couleur dominante et le tome 2 joue le temps de petits intermèdes, habilement des codes de la bande dessinée .


D'un intermède à l'autre...Le dernier album refermé, un envie musicale a surgi «She caught the Katy»...première de la liste, l'album entier a défilé. Les Blues Brothers, en cavale et toujours entrainant!

mercredi 12 juin 2013

Kirkenes

Jonathan Châtel, Pierre-Henry Gomont, Les Enfants Rouges, 2011.  
 
Coïncidence malicieuse...peuvent-elles être autrement ?
 
Cette bande dessinée est tombée par hasard dans mes mains, pendant un rangement de salle...


 









Evocation d'un souvenir,
Un an presque jour pour jour 
A Kirkenes,
  
Soleil de minuit...

Quand le ciel s'obscurcit d'une lueur claire...









[Photos d'Isabelle] 

dimanche 9 juin 2013

Gueule d'amour

Aurélien Ducoudray, Delphine Priet-Mahéo, La boîte à bulles, 2012.

Quand le visage est touché, le cœur est blessé.
J'ai pris du temps avant de me décider à lire cet album...le dessin crayonné bien que soigné reste dérangeant, le ton se fait volontiers cynique et certains passages exposent sans retenue, simplement crus. 
A quoi ressemblent les lendemains de la «Grande guerre» pour les soldats dévisagés? La bande dessinée débute par un défilé de 14 juillet, un homme, ancien soldat, n'y participe pas, c'est son histoire qui est racontée. Jouer aux coqs, il aurait certainement aimé, mais devant des cocotes et pas dans une parade militaire..
Pour cet homme au visage meurtri, les rapports avec les femmes deviennent difficiles et revêches. C'est la chair qui est atteinte mais c'est le corps qui subit. Au-delà ou au-dedans de cette relation transparait aussi la question plus générale de l’altérité. Sembene, devenu son compagnon de route n'a pas la gueule cassée, mais la peau noire, ça aussi ça dérange... Ensemble, bon gré mal gré, ils vont réussir à s'y retrouver. Ils s'en vont claudiquant, mais vivants tout de même, après cette «putain de guerre», auprès des putains de cœur.

A noter, un dossier documentaire est ajouté à la fin de l'album, il vaut la peine d'être consulté.

samedi 8 juin 2013

Perramus

Juan Sasturain, Alberto Breccia, Glénat 1986-1991.

Chercher les clés, ne permet pas de trouver la serrure.
Dans cette bande dessinée, je suis entrée comme à la dérobée, la porte était ouverte le dessin m'a plu et le ton aussi. Un triptyque en quatre albums déjà là, ça ne marche pas droit ...tant mieux.
Breccia a un dessin obscur et lumineux et comme dit Borges, personnage - et seulement personnage, «Ils sont séducteurs les paradoxes.». Juan Sasturain est un conteur intriguant, il n'aime surement pas les vérités, ou sait du moins,habilement, les rendre absurbes. Ensemble, les auteurs nous livrent quatre aventures, qui de ci et de là nous trimballe, de politique en fantaisie, de musique en littérature, nous plonge dans le noir ou dans la merde...
L'histoire est celle d'un homme Perramus, elle part d'un lieu Santa Maria, le Buenos Aires des auteurs, au temps des Maréchaux. Perramus n'est pas seul, rapidement il rencontre ceux qui seront par la suite ces compagnons de route : Canelones , un homme fort, grand et fougueux, «l'Ennemi», toujours indispensable, et Borges qui parle sans ressentir le besoin qu'on le comprenne mais dont les mots égrenés rythment le récit. 

Les deux premiers albums s'ancrent dans l'oubli...












                                 ...Le troisième, dans la farce politique...

 ....Et le quatrième, dans le jeu.
Pour les illustrations:
t.1 Le pilote de l'oubli, p.88
(t.2 L'âme de la cité)
t.3 l'ïle au guano, p.140
t.4, Dent pour Dent,p.26

samedi 1 juin 2013

Dali par Baudoin

Edmond Baudoin, Dupuis 2012.

J'ai pris du temps avant de lire cette bd. J'ai pu écouter Edmond Baudoin en parler. Plus tard, à l'occasion d'une exposition à la Cité, j'ai découvert certaines planches de cet album, quelques-unes, sans vraiment en comprendre la raison, m'ont particulièrement émues, puis j'ai lu.
Plus qu'une biographie, plus qu'une autobiographie, une exploration...

 
Edmond Baudoin répondant à l'un de ses personnages:
«Ben oui Dali c'est immense, il me fallait le mettre à distance, alors j'ai mis en place tout une mise en scène avec plusieurs portes. J'ai utilisé son style de dessin quand il avait 18 ans. J'ai essayé de dessiner comme Garcia Llorca à la page 41..et vous et les fourmis c'était pour ne pas rester coller à ce «monstre», faire ce que j’appelle de la musique.»
Dali par Baudoin.
Et, Dali parlant de lui même:
« Mon érotisme entre par l’œil
et s'égoutte par la pointe du pinceau
comme l'amour »
Les Métamorphoses érotiques. Choix de dessins exécutés de 1940 à 1968, à l'Erotitiade par Salvador Dali, Lausanne, 1969. Préface.