Être entourée de livres, d'images et de mots et tenter d'en dire quelque chose, de partager...

Garder une trace, vaine intention, peut être... Tant pis...

Un blog à défaut -blogger - (et oui, je cède à la simplicité et je me fais complice de google, tant pis....). Les messages s'affichent des plus récents aux plus anciens...



jeudi 15 août 2013

R5


Partir pour revenir
Ponant souffle, ponant râle
Ellipse en case, chute en couche, épaisse décomposée
Dans le pli, sur une page, surprendre.

Courbe dessinée, courbe abordée
Pas pieds des seins
L'eau débordait

Naviguer penaud, hagard
Le regard, les couleurs, la matière
Entrebâillement, enjambement
Non loin est le levant.


S'achèvent six mois à Angoulême
Suite ? Fin ? Un intermède.


mardi 30 juillet 2013

Marcher

 
"Il y a cependant quelques vieilles routes qu'on peut emprunter avec profit, comme si elles menaient quelque part, maintenant qu'elles sont presque abandonnées." (p.29)



"Un jour de novembre dernier, nous avons eu un extraordinaire coucher de soleil. Je me promenais dans une prairie où un petit ruisseau prend sa source, lorsqu'enfin le soleil juste avant de se coucher, à la fin d'un jour froid et gris, a travers, une zone claire du ciel; la lumière la plus douce et la plus brillante d'un soleil matinal est alors tombée sur l'herbe sèche et sur les branches des arbres à l'horizon opposé, ainsi que sur les feuilles des chêneaux poussant à flanc de coteau, tandis que nos ombres s'étiraient au loin vers l'est sur la prairie, comme si nous étions les seuls atomes de poussière de ses rayons. C'était une lumière qu'on n'aurait pas pu imaginer un instant auparavant, et l'air était si chaud et si serein que rien ne manquait pour faire de cette prairie un paradis. Quand nous nous sommes pris à penser que ce n'était pas là un phénomène isolé qui ne surviendrait jamais plus, mais qu'au contraire il se reproduirait éternellement un nombre infini de soirs pour réconforter et rassurer l'enfant attardé marchant par là, sa splendeur en a été accrue." (p.49)
 
Les extraits sont tirés de Marcher

 
Henry D.Thoreau 
Marcher & une promenade en hiver, Le mot et le reste, 2013.

traduction de Nicole Mallet, préface de Michel Granger. 
 

Deux textes Marcher (1851) et Une promenade en hiver (1843), d'Henry David Thoreau,(1817-1862) réunit dans un livre récemment paru et qui n'est pas arrivé par hasard entre mes mains...




 

dimanche 28 juillet 2013

Fritz the Cat


Robert Crumb, Cornélius, 2013.

Prétentieux et cabochard, loufoque ou ringard, ce petit personnage au museau à moustache est pour Robert Crumb, l'occasion de croquer ses congénères en plein époque hippie, de se jouer des grands discours et des idéalistes, joli pied de nez à cette société qui ne tourne pas rond!
Ca se lape comme du petit lait!
 Un bel ouvrage qui regroupe l'ensemble des aventures de Fritz the Cat (1964-1972). La petite introduction de Jean-Pierre Mercier rappelle que la fortune de ce personnage au cinéma n'a pas été du tout du goût de son créateur! Il choisit alors, de mettre fin aux histoires du matou par un coup de pic à glace dans le dos, et paf, rien que ça!




Extrait, p.41

vendredi 26 juillet 2013

Alack Sinner


 



José Muñoz, et Carlos Sampayo, intégrale Casterman, 2007-2008.
L'âge de l'innocence (Premier tome, celui dont il est question dans ce post)
L'âge des désenchantements ( Second tome)



Le souffle cours, un peu désespérée aussi.
Dans les -bas-fonds d'une société américaine celle où il est, il va, il erre, avec un flegme sans illusion et pourtant romantique. Ainsi marche Alack Sinner.
Une fois de plus, une fois de moins je suis tombée amoureuse, le temps d'une lecture, d'un personnage.
L'usage du noir et blanc est habile, finement mené, le regard ne s'y habitue jamais vraiment, toujours il doit déchiffrer, jamais à l'aise et pourtant tout du long baigné dans une ambiance qui colle à la peau....les faciès sont grotesques ou sublimes, hideux, ou malheureux, les cases sont pleines, la rue foisonne.
Multiculturelle, richesse de la pauvreté, des grands mots, peut-être, mais après tout, ce sont eux qui viennent. En refermant le livre, je sais déjà que je le reprendrai... Une fiction ancrée comme toujours dans le réel, puisse-t elle autrement ? Les références des auteurs abondent. J'en saisis quelques unes, mais si peu. Et puis il y a le paysage sonore, musicale, Alack Sinner est mélomane. Et puis, il y a encore les langues qui se rencontrent, latines, américaines, elles se cognent ou se fondent... mélange.
Une fois de plus un détective, une fois de plus désabusé...les femmes, la rue, l'espoir, le noir; la vie....
 

Image 1: Tome 1, p.71
Image 2: Tome 1, p.236


dimanche 21 juillet 2013

Cabinet des curiosités


Tom Tirabosco, Atrabile,1999.

 Le format et le titre m'ont rendu curieuse.
Jusque là, je ne connaissais pas l'auteur, ce petit livre est l'une de ces premières publications BD, depuis, il a fait route...Tant mieux, de nouvelles pages à tourner...
Monstruosité et frivolité, un grain d'absurdité, chaque case raconte, histoire ou historiettes, il s'agit de débusquer, sans les traquer ces êtres particuliers, anormaux, qui le dit? L'homme invisible, l'ange ou la petite personne, les jouets...Huit chapitres pour chacun d'eux, tous introduits par un emprunt littéraire, Baudelaire, Pierre Desproges ou bien encore H.G. Wells. Il y a beaucoup d'humour, dans le dessin et dans la narration, une espiègle cruauté et de la sensualité, aussi. Une bande dessinée en clair obscur, des formes rondes et crayonné, troublant, à chacun de vouloir y croire... 


                                Les petites personnes...
           
 Extrait,(p.21).

vendredi 19 juillet 2013

99 exercices de style


Matt Madden, L'association, coll. Ciboulette, 2006 
 
Assez géniale comme œuvre! Mettre en scène 99 fois et de 99 manières différentes une scène du quotidien! Quoi de plus laborieux, mais ici que c'est malicieux! Pas besoin d'en dire plus! 
 
J'ai eu la chance, de découvrir cette bande dessinée par la planche, lors d'un exposition à la Cité à Angoulême, pris ensuite le temps de la lire dans sa forme aboutie - l'album, et l'envie de la relire est vite revenue!

Matt Madden auteur américain, francophone « so english », réussit là un bel exercice de style, et révèle la richesse de la bande dessinée, en faisant rire, sourire et réfléchir ! Divertir et s'enrichir, l'un dans l'autre, du plaisir !


PS: En lien, un interview de Matt maden, et l'occasion de mentionner la riche  revue neuvieme art 2.0 !

jeudi 11 juillet 2013

Descente d'organes

Fred Lépinay, Maquisards, 2013.
Une œuvre atypique, un recueil de dessin. Premier livré édité ( micro édition) par Fred Lépinay.
Fred est une personne croisée il y a quelques années, un compagnon de sillons, des moments partagés, vivants...
Le livre ouvert, un sourire; je tourne la page, peu de mots pour une dédicace, elle m'inspire :


« énergie féminine »
Ouvrir,
entrer.
Pénétrer.
s'en remettre...
et se démettre,
départ hagard.







Ses dessins m'interpellent.
Narration étreinte.
Pour seule limite, le contour,
pour toute liberté, le plein.







dimanche 7 juillet 2013

Les Marais du temps

Franck Le Gall, Dupuis, 2007.
P'tit clin d'oeil à l'actualité de la Cité (CIBDI): l'exposition «SPIROU: un héros dynamique». Il y a toujours quelque chose de grinçant dans ce genre de commémoration,mais bon certaines valent tout de même mieux que d'autres...!
La bande dessinée en question, Les Marais du temps, est le deuxième opus, de la série Siprou et Fantasio (une aventure de...par). Cette collection donne à un auteur carte blanche – ou presque- (Spirou est un « héros », pas question, quand même de le salir...), pour narrer à sa manière une histoire du personnage à la houpette rousse et des ses fidèles acolytes. C'est Franck Le Gall qui accepte les règles du jeu. Un auteur que j'apprécie, avec Théodore Poussin, il me fait voyager et entrevoir un ailleurs exotique en jouant avec le temps qui fait l'épaisseur de l'histoire. 
Du passé, il en est également question dans les Marais du temps. Du désuet au cocasse, du langage scientifique à celui de la rue, l'esprit d'aventure est bien là. Le trait de Franck Le Gall s'approprie les personnages et fait ressortir de Spirou, Fantasio, Spip and co', certains caractères qu'il grossit jusqu'à une certaine limite (ou contrainte ?). Zorglub, personnage versatile est aussi du voyage, et pour cause ! c'est lui qui entraine les autres à traverser les époques. D'un bistrot du marais, "on" tombe dans le Marais de 1865; à cette date là, le quartier n'était pas aussi branché qu'aujourd'hui... On retrouve le souci du détail propre à Franck Le Gall, sa rigueur dans le travail documentaire, et puis on (sou)rit devant quelques scènes et remarques bien placées ! Pas déçue, de la lecture !

mardi 2 juillet 2013

je, tu, il, L,...juillet.

 

 
La vie est belle 
je me tue à vous le dire
dit la fleur 
et elle meurt.





 Tiré de soleil de Mars, Jacques Prévert
Receuil la pluie et le beau temps, 1972.



jeudi 27 juin 2013

Chocker

Ben Mc Cool, Ben Templesmith, Delcourt, 2012.


Un ex-flic qui s'attache à sa vie d'avant, ça me plait moyennement, c'est mal parti. Heureusement le personnage a de quoi rendre attachant, cynique et antipathique, un bon classique du genre. En guise de préambule, le lecteur est averti : «Monde de merde, ville pourrie». Shotgun est une ville salle, dirigée par des politiciens véreux et gangrénée par une drogue aux effets carnassiers. L'ambiance est plantée, dommage, donc, que le scénario ne soit pas à la hauteur.
En ouvrant le livre les couleurs sautent aux yeux. C'est là que ce comics fait sensation. La palette est intégrale
Graphiquement, j'ai été happée par le dessin presque animé! Il y a du mouvement, de la rapidité, on sentirait presque le souffle d'un coup de poing ou celui de la rage! Plusieurs techniques sont à l’oeuvre et l'ensemble est probant. Le cadre noir des pages rehausse les contrastes, les personnages ont les «gueules de l'emploi», le travail sur les arrières-plans brouillés et allusifs rappelle le côté sale et corrosif de l'histoire. Le tout, enfin est souligné par un jeu de lumière maitrisé. 
Une surprenante découverte!

mardi 25 juin 2013


------------ Inviolabilité
Pair dans l'impair ------------ 
---------------------- L'unique, transpire-t-il ? --------------------


dimanche 23 juin 2013

Biographie et bande dessinée

Récemment, j'ai eu dans les mains deux bandes dessinées de genre biographique.

Tout comme leurs personnages - plongés dans la transition d'une fin de siècle et l'Italie, l'ivresse et l'insatisfaction..., les deux jeunes auteurs possèdent certains points communs. L'un et l'autre s'approprient le processus de création d'écrivain pour à leur tour, laisser cours à leur créativité.

En premier, il s'agit de «James Joyce - l'homme de Dublin». Le nom, plusieurs fois croisé dans mes lectures et la ville, Dublin, ont retenu mon attention. Sur la bande dessinée, mon avis est mitigé. Suivant une trame chronologique, la narration m'a parfois donné l'impression de peiner un peu. Les dessins, de leur côté, n'ont pas franchement accroché mon regard. Pourtant, je suis allée au bout, trouvant probablement dans la démarche de l'auteur, dans sa façon de pénétrer le personnage, un quelque chose qui interroge.

Vient ensuite «La vie rêvée du Capitaine Salgari» ; celle d'un petit bonhomme passant toute sa vie d'homme à raconter des histoires pour les enfants...et certainement aussi (déjà?) à l'enfant qu'il était. Le dessin est fourni, particulièrement pour les scènes urbaines et extérieures. La narration installe l'intrigue entre légèreté et inquiétude. Ici, pas de trame chronologique mais des «aller-retours». Voilà, peut-être pourquoi, je fus plus sensible à cette lecture. Elle m' a parlé - aller et venir à travers le temps, les lieux, la réalité et l'imaginaire, difficile tension de la linéarité. Le découpage de l'ouvrage vient alimenter ces passerelles. J'ai refermé le livre, émue.

James Joyce l'homme de Dublin. Alfonso Zapico, Futuropolis, 2013.

La vie rêvée du Capitaine Salgari. Paolo Bacilieri, Delcourt, 2013.

samedi 22 juin 2013

Petit classique toujours actuel

Octave Mirbeau, La Grève des électeurs.
Le Figaro, 28 novembre 1888. 
Les sérieux, les austères, les "peuple souverain", ceux-là qui sentent une ivresse les gagner lorsqu'ils se regardent et se disent : « Je suis électeur ! Rien ne se fait que par moi. Je suis la base de la société moderne. Par ma volonté, Floque fait des lois auxquelles sont astreints trente-six millions d'hommes, et Baudry d'Asson aussi, et Pierre Alype également. » Comment y en a-t-il encore de cet acabit ? Comment, si entêtés, si orgueilleux, si paradoxaux qu'ils soient, n'ont-ils pas été, depuis longtemps, découragés et honteux de leur œuvre ? Comment peut-il arriver qu'il se rencontre quelque part, même dans le fond des landes perdues de la Bretagne, même dans les inaccessibles cavernes des Cévennes et des Pyrénées, un bonhomme assez stupide, assez déraisonnable, assez aveugle à ce qui se voit, assez sourd à ce qui se dit, pour voter bleu, blanc ou rouge, sans que rien l'y oblige, sans qu'on le paye ou sans qu'on le soûle ? 
Extrait d'un petit texte de Mirbeau, paru en 1888, et réédité de nombreuses fois depuis [et facilement accessible sur internet]

Incisive et ironique, une lecture qui se prend comme on sirote un doux breuvage par une belle soirée d'été...et oui, l'été débute aujourd'hui...

mercredi 19 juin 2013

Hôtel particulier

Sorel, Casterman, 2013.

Le dessin est agréable, la monochromie aussi, l'histoire plaisante, je me suis laissée prendre. L'auteur joue de manière lascive, sans être impudique, avec le genre fantastique. La bande dessinée débute par un bain glacé au rythme de la prose éthérée de Rimbaud, elle se poursuit par le charnel, tantôt cru, tantôt voluptueux. La jeune héroïne est séduisante et le matou,son compère, bien léché. Leurs limites dépassent l'intime, ils s'en vont au delà du réel mais restent proches du quotiden; errant à deux dans un espace restreint, hôtel particulier. Avec eux, le lecteur pénètre les intérieurs, se fait voyeur et découvre derrière les portes, la débauche ordinaire de gens aigris ou romantiques, la folie douce, sanglante ou exubérante, les recoins de la vie...

---Et puis, il y a Baudelaire, alors, je me remémore--«Enivrez-vous»--

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. [...]
(In Les petits poèmes en prose)


mardi 18 juin 2013

Trait de Craie

Miguelanxo Prado, Casterman 2002.

On est plus attentif à certains conseils...cette bande dessinée je ne l'ai pas choisie par hasard. Assise non loin d'un phare, je me suis plongée dans le bleu qui prélude à l'histoire. Sentir le vent marin quand l'auteur, par son dessin, le rend présent dans la page, agréable sensation... Cependant, le jeu des concordances  n'est pas la seule raison qui m'a fait aimer cette bande dessinée. Captivante, est la manière dont Prado se sert des couleurs  et de l'épaisseur du pastel.Les personnages deviennent vivants et le décor s'anime
Graphiquement, c'est vraiment un très bel album. Nombreuses pages recèlent de cases qui se suffisent à elle-mêmes. L’œil s'arrête souvent à une courbe de silhouette, à un regard où 0à la couleur d'un ciel. L'ensemble est soigneusement découpé, élégamment équilibré, la trame narrative naît par le dessin. Dès l'exergue, le lecteur est mis en garde - une citation de Borgès, l'histoire est mystérieuse. Des marins en escale, sur une île presque silencieuse, se cherchent, se rencontrent et se cognent. La lecture questionne l'interprétation, et l'interprétation donne sens...
A découvrir...


samedi 15 juin 2013

Parker

Richard Stark, Darwin Cooke, Dargaud, 2010-2013.
Série en cours. Trois tomes.



Côte Est des Etats-Unis, Sixties, bières, pin-up et gros sous: le décor est planté. Surgit alors, Parker, espèce de colosse brut aux gros bras, taiseux et cynique, le personnage central. Le premier tome nous le présente en cavale, avide de satisfaire une vengeance et soigner son amour propre. Tuer d'accord, mais pas pour rien. Dans le deuxième, il s'attaque à l’Organisation - la mafia, garder son indépendance à tout prix! Le troisième, un gros casse, besoin de flouze et pas contre non plus quelques montées d'adrénaline. Pour l'instant donc, la série ne s'étiole pas.

Inspirée et plutôt bien, des livres de Richard Stark alias Donald Westlake. cette bande dessinée est efficace - la recette des polars, espace de digression, transfuge à portée de main...

L'adaptation de Darwin Cooke joue aussi beaucoup dans la balance. Le texte n'est pas négligé. Alternance de dialogues bien ciselés et de parties narratives plus classiques, l'auteur ne cache pas sa source : le roman. La mise en scène est bien ajustée. Quelques traits presque élastiques suffisent pour tailler l'allure des personnages, l'atmosphère graphique est originale. Chaque album possède sa couleur dominante et le tome 2 joue le temps de petits intermèdes, habilement des codes de la bande dessinée .


D'un intermède à l'autre...Le dernier album refermé, un envie musicale a surgi «She caught the Katy»...première de la liste, l'album entier a défilé. Les Blues Brothers, en cavale et toujours entrainant!

mercredi 12 juin 2013

Kirkenes

Jonathan Châtel, Pierre-Henry Gomont, Les Enfants Rouges, 2011.  
 
Coïncidence malicieuse...peuvent-elles être autrement ?
 
Cette bande dessinée est tombée par hasard dans mes mains, pendant un rangement de salle...


 









Evocation d'un souvenir,
Un an presque jour pour jour 
A Kirkenes,
  
Soleil de minuit...

Quand le ciel s'obscurcit d'une lueur claire...









[Photos d'Isabelle] 

dimanche 9 juin 2013

Gueule d'amour

Aurélien Ducoudray, Delphine Priet-Mahéo, La boîte à bulles, 2012.

Quand le visage est touché, le cœur est blessé.
J'ai pris du temps avant de me décider à lire cet album...le dessin crayonné bien que soigné reste dérangeant, le ton se fait volontiers cynique et certains passages exposent sans retenue, simplement crus. 
A quoi ressemblent les lendemains de la «Grande guerre» pour les soldats dévisagés? La bande dessinée débute par un défilé de 14 juillet, un homme, ancien soldat, n'y participe pas, c'est son histoire qui est racontée. Jouer aux coqs, il aurait certainement aimé, mais devant des cocotes et pas dans une parade militaire..
Pour cet homme au visage meurtri, les rapports avec les femmes deviennent difficiles et revêches. C'est la chair qui est atteinte mais c'est le corps qui subit. Au-delà ou au-dedans de cette relation transparait aussi la question plus générale de l’altérité. Sembene, devenu son compagnon de route n'a pas la gueule cassée, mais la peau noire, ça aussi ça dérange... Ensemble, bon gré mal gré, ils vont réussir à s'y retrouver. Ils s'en vont claudiquant, mais vivants tout de même, après cette «putain de guerre», auprès des putains de cœur.

A noter, un dossier documentaire est ajouté à la fin de l'album, il vaut la peine d'être consulté.