Être entourée de livres, d'images et de mots et tenter d'en dire quelque chose, de partager...

Garder une trace, vaine intention, peut être... Tant pis...

Un blog à défaut -blogger - (et oui, je cède à la simplicité et je me fais complice de google, tant pis....). Les messages s'affichent des plus récents aux plus anciens...



dimanche 15 novembre 2015

R.I.P. RIC !

Les nouvelles enquêtes de Ricochet
Par Simon Van Liemt et Zidrou, d’après Tibet et Duchâteau, Le Lombard, 2015.
 
Revisiter une œuvre, qui plus sérielle et d’une si grande longévité, n’est pas l’exercice le plus facile. 
Défier l’œuvre sans la défigurer ? Le pari est tenu pour Simon Van Liemt et Zidrou. Avec ce premier album, ils donnent au personnage de Ric Hochet, un alter ego, fidèle à lui-même, mais résolument différent.

Pour ceux qui ont lu, jeunes ou moins jeunes, l’intégralité des 78 tomes de la série de Tibet et Duchâteau, une familiarité certaine s’est installée avec les personnages, le style et le rythme des enquêtes. Avec ce nouvel album, le lecteur n’est pas privé de tous repères, dès la première page, il retrouve Paris, le confort d’un intérieur propret au clair de lune et, le sourire de Ric Hochet. Pourtant quelque chose de plaisamment dérangeant s’est immiscé.… à la première case le lecteur est apostrophé sans ménagement, à la troisième, c’est l’œil perçant d’un chat noir qui le fixe sans défaillir. Interpellé, le voilà engagé à suivre ces nouveaux auteurs ou ce mystérieux interlocuteur ? Qui mènera donc l’enquête ?

Pas de nostalgie, ici, plutôt une saveur rétro jouant entre la patine du passé et l’écriture graphique et narrative remise au goût du jour. Les codes esthétiques sont conservés mais subtilement revisités. Il en va ainsi des personnages qui, gardant leurs bonhomies, se dotent de duplicité. Les corps se font plus charnels et les relations humaines prennent alors une autre dimension. Par son dessin, Simon Van Liemt apporte un regain de dynamisme à l’ensemble, les mouvements sont plus vifs, les déplacements plus lestes. Les couleurs enfin, sont elles aussi rafraîchies mais préservent la tonalité générale des précédents albums. 

Le scénario est audacieux, déroutant. Il est question de double et de vengeance. L’intrigue a quoi tenir en haleine le lecteur. Ce qui pouvait devenir un thriller sombre et tragique, se déroule entre frivolité, humour et doute, sans rien affaiblir du suspense. La narration est finement menée, construite entre voix-off et dialogues, entre lecteurs et personnages, toute l’histoire se joue d’allusions et d’hommages aux anciens albums et plus largement à la bande dessinée franco-belge. 

R.I.P. Ric !? Faut-il pour retrouver Ric Hochet le perdre définitivement, s’accommoder d’un nouvel homme, serait-ce son pire ennemi ? 

Jouer à déjouer, a peut-être été la règle que se sont imposés les auteurs, c’est certainement l’invite faite au lecteur.

Du jeu au je, l’identité est funambule, le caméléon fera-t-il régner sa loi ?

La réponse, en lisant… !

samedi 17 octobre 2015

Polina

Bastien Vivès, Casterman, KSTR,2011

Toute jeune, l’auteur choisit son personnage, il la quittera devenue femme. Aux premières pages, Polina est encore enfant, accompagnée par sa mère dans une académie de danse, elle s'apprête à passer sa première audition. Passage réussi.

Le lecteur suivra alors son apprentissage marqué par la rigueur, l’audace et la discrétion. Il verra son corps de jeune ballerine s’armer de droiture,  décèlera les grimaces dissimulées derrière la grâce déployée. Le parcours de Polina se trame dans les coulisses des ballets européens, entre le faste classique et l’avant-garde charismatique.

Tenu tel est le trait de Bastien Vives, à peine esquissé, son geste dessine l’amplitude des formes, l’élégance des tenues et la justesse des poses toujours sur l’abîme. Sauvage aussi, il contient la fugue des esprits, les rêves vaniteux et les élans amoureux. Fragile enfin, il dévoile les doutes, les peurs, les scléroses de l’émancipation. 

Entre la page et le crayon se joue la liberté du geste;
entre le maître et l’élève se déploie le chemin de liberté. 

samedi 29 août 2015

Tina Modotti.

Ángel de la Calle (traduit de l’espagnol par Rachel Viné-Krupa).
Coédition Vertige Graphic / Envie de lire, 2011

Partir sur les traces d’un personnage, tel est le projet de cette bande dessinée.


Tina Modotti est une femme d’exil, de couleur, de souffrance et d’amour. 
Son parcours mêle engagement politique – communiste – et artistique – la photographie. L’un cédant la place à l’autre. Passionnément, elle avance, conjuguant les refus, l’abandon et la lutte.

Plus qu’une biographie, ce récit narre la rencontre de l’auteur et cette femme. Approche réflexive et parcours croisés,il invite le lecteur dans sa propre quête. Il navigue dans un monde bâti, détruit, trahi, une époque écoulée, aborde le cœur d’une femme, univers insondable.

Pas de déballage, un regard toujours pudique. L’auteur ne choisit pas, il parle d’elle, il part d’elle. Exigeant dans son enquête, mais aussi respectueux. Militant de son temps, il n'est pas prescripteur. Il parle d’une histoire sombre, belle et cruelle. Débordant l’écrit historique, il se situe ni en deçà ni au-delà, mais dans un espace de vies, vécues, appréhendées, imaginées.

La lecture est dense, l’auteur ne fait pas l’économie des mots. Il laisse souvent place à la parole conservée, introduisant des extraits de correspondances, mais aussi des écrits d’auteurs contemporains d’hier et d’aujourd’hui. Les corps dépouillés par des formes graphiques simples, n’en sont pas moins présents, vivants et morts. A la lumière des images les mots s'éclairent et les images se révèlent à la force des mots.

Le traitement de l’archive est pleinement visuel, comment rendre l’expérience photographique de Tina, à travers une bande dessinée ? De son œuvre, il reste des clichés, quelques-uns exposés dans des musées et galeries et d’autres conservés dans des albums. La matière photographique n'est pas introduite, directement. Jamais brutes, l'auteur s'approprie les photographies par le dessin. Plus qu’une simple représentation, moins qu’une interprétation, il les incorpore à la trame narrative et séquentielle des pages. Par ces détournements, il apporte un souffle de vie et retrace les contours d'histoires saisies par l'objectif.

Curieux, le lecteur peut découvrir à la fin de l’ouvrage, plusieurs reproductions photographiques, une bibliographie et quelques notes de l’auteur. Dévoilant son atelier, il invite à prolonger la découverte de l’œuvre de Tina Modotti, à poursuivre la mise en perspective des utopies en germe, des illusions déçues.


mercredi 15 juillet 2015

L’Éternaute

Intégrale du premier cycle
Hector Oesterheld, Francisco Solano Lopez, Vertige Graphic, 2013

On m’avait dit tu verras
Et alors, j’ai vu, j’ai lu.
C’est toujours plus que ça,,
Plus qu’une simple addition quand on a une bande dessinée dans les mains.
On voit, on lit, on se laisse entraîner, on réfléchit.

L’Éternaute
le mot est un néologisme
L’histoire relève de la science-fiction.
Une parabole, une allégorie, peut-être.

Un ennemi attaque, il recouvre sans se découvrir la ville d’un poison mortel…
En un instant, la cité devient un tombeau ouvert.
Réagir mais comment ? Tel est l’enjeu qui se présente aux survivants.
Faire société, nécessité incontournable ?
Quand la menace s’exprime, le reste s’exacerbe.

Indéniablement, le scénariste Hector Oesterheld réussit à mettre en tension le lecteur.
L’histoire naît d’une double narration. Un homme tranquillement installé à son bureau voit soudain surgir face à lui un être de chaire et pourtant sans âge, l’Éternaute.
Une apparition fantastique, vite oubliée, devant le récit qui se dresse. L’homme se met à parler, il raconte autant qu’il témoigne, se souvient en souffrance.

Francisco Solano Lopez, par son trait sombre mais précis, vient donner corps à des créatures inconnues, mouvements à des troupes dispersées et scène à une ville endormie. Ce dessin noir et blanc et réaliste teinte la lecture d’une inquiétante atmosphère.

Parue en épisodes entre 1957 et 1959 dans un journal « d’historietas », cette œuvre a accompagné les moments sombres de la deuxième moitié du XXe siècle argentin. Oesterheld, victime de la dictature, d’autres auteurs  et notamment Alberta Breccia ont poursuivi et repris ce récit.

Récemment, la maison d’édition Vertige Graphic a entrepris de publier la version complète de cette aventure, en respectant son format original. Avec cette intégrale du premier cycle par Oesterheld et Lopez, le lecteur tient entre ces mains un bel album à l’italienne. L’occasion lui est donnée de se plonger dans une œuvre devenue symbole de lutte et de résistance et qui aujourd'hui résonne encore. Le pouvoir peut être rigoureusement dangereux, restons acteurs, restons lecteurs, soyons vigilants !

©Vertige Graphic 2013 ( illustration non signée issue de l'album)


dimanche 7 juin 2015

Georges Sprott 1894-1975

Seth, Delcourt, 2009

Une bande dessinée aussi déconcertante que son format.
C'est lui d'abord qui a attiré l’œil, Disproportionné, il émergeait des bacs de la bibliothèque.
Entre les mains, savoir le tenir,
L'ouvrir, un Grand livre d'histoire.
Mais quelle histoire ?

Un homme rond, on le prend au début, et on connaît déjà la fin,
C'est chaque fois pareil: on naît, on vit, on meurt.
 
Georges Sprott 1894-1975, 
Croqué par Seth, auteur canadien.
Jusque-là je ne connaissais ni l'un l'autre…
A la fin du recueil, j'en sais un peu plus. 

Georges Sprott, c'est un parfum d'outre atlantique, 
Un ailleurs à la fois mythique et déchu,
Mais lui, c'est juste un bonhomme. 
Animateur de télévision,
On cherche ce qui l'anime.
Lui, l'homme. 

Antipathique ou sympathique ?
Il demeure contrasté.
Il ? Mais On raconte son histoire.
Une galerie de personnages évoquant souvenirs,
De près, de loin, ils l'ont connu.

Et qui porte leur voix ?
Le souffleur, celui qui donne vie.
Serait-ce le narrateur ?
Omniscient, cela est dit sans détour,
Il parle.
Mais qui est-il ? 

L'auteur et le lecteur
Chacun trouve place.

Le sens, il n'est pas linéaire.
Des séquences se suivent,
Elles nous font voir beaucoup.

Les couleurs forment des paires,
Bichromies signifiantes.

Les cases découpant chaque page,
Restent entourées de blancs.
Et là, en dedans, en deça,
Se dessinent aussi les histoires,
Chacun garde son mystère.


mardi 10 mars 2015

La saison des flèches–Omaka Wanhin Kpe

Samuel Stento, Guillaume Trouillard, Les Éditions de la Cerise, 2009.
 

C’est l’histoire d’Indiens mis en conserve. C’est une histoire passée qui a marqué les terres américaines, c’est l’histoire d’une rencontre, de l’archaïque et du capitalisme, d’un couple de grands-parents urbains et modernes et d’une famille d’Indiens rupestre.

Et puis, c’est aussi la découverte d’un tandem de jeunes auteurs Samuel Stento et Guillaume Trouillard. Ce dernier a fondé avec une équipe de graphistes et de dessinateurs les Éditions De la Cerise en 2003, il en est depuis le président. La bande dessinée qu’ils proposent est un bel objet, mêlant plusieurs techniques et arts graphiques. Des auteurs avertis et déjà virtuoses pour décrire une virtualité qui s’empare tout autant des personnages que du lecteur.

L’histoire, plus qu’un western est une chevauchée fantastique qui se déroule au fil des pages, à travers le temps et l’espace. Une chevauchée d’histoires vécues, vaincues se conjuguant à une uchronie séduisante et effrayante.

Ici, le territoire est imaginé. Tout autant mis en image que fantasmé. Avec entre autres, un carnet de route, une notice pratique, une remontée dans le temps et une exploration des canalisations, ce territoire prend forme. A mesure qu’il se définit, il se déforme, devient-il plus imaginaire ? Plus il se construit, plus on s'interroge, la carte trace-t-elle la réalité ? Où s’arrête les limites quand un arbre né d’une flèche semée ?

Belle histoire pleine d’humanité et de cruauté, rencontres improbables, mais rencontres réussie !

Chapeau bas, les auteurs !

mardi 10 février 2015

Munch

Steffen Kverneland, Nouveau Monde Graphic, 2014 

Difficile l’exercice de dire une œuvre picturale, choisir de parler du peintre permet souvent de mieux l’appréhender. C’est le parti qu’a entrepris Steffen Kverneland auteur de bande dessinée norvégien, dans son dernier album, tout simplement nommé « Munch ». 
S’agit-il d’une biographie ? Oui, mais il ne faut pas s’attendre à voir la vie d’Edvard Munch défiler au fil des ans. Avant de raconter une histoire, l’album dessiné tente de saisir une personnalité. Il choisit de partir du regard de ceux qui l’ont côtoyé, ses proches, sa famille, plus largement ses contemporains, et puis plus difficile,de l’appréhender aussi à partir du propre regard de Munch sur lui-même… Pour cela, Steffen Kverneland s’appuie sur un très gros travail de documentation et fait le pari de n’avoir recours dans sa bande dessinée qu’à des paroles rapportées… des mots retrouvés… des livres compulsés et des archives consultées. La narration reste néanmoins bien présente et le fil d’Ariane est moins celui du temps que celui de l’homme qui se trouve à la croisée de toutes ces paroles. Personnage public honni par les uns, congratulé par les autres, Edvard Munch n’est pas passé inaperçu en son temps, il fait partie de ceux qui ont vécu leur célébrité. Il n’en reste pas moins un homme seul, pris au jeu de ses propres passions, de ses propres tourments.

"Mes tableaux sont mon journal intime,
je ne peins pas ce que je vois, mais ce que j’ai vu."
[Munch cité par S.Kverneland] 

Les tableaux semblent être une bonne voie d’accès pour pénétrer dans la vie du peintre. Lorsqu'on les observe, au-delà de la représentation on touche à l’homme qui tint le pinceau, on découvre une « œuvre », indissociable de l’être.

La bande dessinée apparaît ici un moyen d’expression extrêmement bien approprié, cela tient certainement aux talents narratifs et graphiques que l’auteur à mis en œuvre. Nourri par les recherches qu’il a entrepris, il livre ici un album riche et dense, où l’on retrouve aussi bien les mots de Munch et ses pairs que ses tableaux traversant le pages, donnant forme à une case et servant de matériaux au travail graphique de l’auteur norvégien qui se les approprie, autant qu’il les restitue et les resitue… Les couleurs deviennent des mots, les formes des expressions et l’on regarde tout autant qu’on lit et déchiffre.

La narration n’est pas linéaire, tout comme ne l’est pas non plus le parcours pictural de Munch marqué par la répétition et la réutilisation de ses propres matériaux et toiles. Cette bande dessinée, tant par sa forme que son discours réussit à aborder la vie d’Edvard Munch de manière éloquente. Elle la saisit déjà dans son exubérance, le trait caricatural de Steffen Kverneland se fait mordant, drôle et corrosif et puis avec une autre palette de couleurs et des traits estompés, dans sa fragilité, sans jamais pourtant dévoyer l’intime, laissant la place suffisante aux questions et incertitudes.

Steven Kverneland a senti le besoin dans certains passages de se mettre lui-même en scène, choisissant alors la forme du roman-photos volontairement comique, mettant en exergue sa propre subjectivité, peut-être pour laisser toute la place dans le reste de son album à Edvard Munch qu’il a tenté de retrouver, dans un cheminement de plusieurs années.

Et le lecteur dans tous cela ? Il se trouve bouleversé, il devient regardeur, il lit, il observe il voit et parfois découvre un bout de soi… Impressionnant, il est impressionné.

Un cadeau inattendu, merci à celui qui me le fit !

mardi 27 janvier 2015

Come prima


Alfred, Delcourt, 2013. 

Peu de temps avant que ne s’ouvre une nouvelle édition du Festival d’Angoulême, un retour sur une bande dessinée primée l’an passé.

C’est une histoire entre deux frères, une passion taiseuse. Haineuse ? Au départ, on peut se le demander.

De départs, il en est question dans cette intrigue, à commencer par celui qui amène Fabio, le grand frère, à suivre son cadet. Les voilà sur la route, ensemble, direction l’Italie, la terre de leur enfance. À bord d’un tacot plus que d’une voiture, ils partent de nulle part, l’auteur n’a pas choisi de le mentionner, comme il ne dévoile presque rien non plus de cette fratrie guère chaleureuse.

Tout semble très brouillé.
Le contraste est alors saisissant quand, au détour d’une page, d’une case, la couleur cède la place à une trichromie, évoquant on le comprend, des souvenirs, réminiscences des âges tendres.

Et puis, peu à peu, au fil kilomètres, les couleurs du réel se font moins sombres, les personnages se toisent, apprivoisent un chien, se chamaillent, prennent un passager, s’observent et se découvrent… ils filent vers le sud, les paysages se font moins verdoyants, les terres plus ocres.
Le suspense finit par s’installer. Quand l’équipée rallie l’ultime étape, on avait presque oublié qu’il était question d’arriver. Mais, l’histoire n’est pas encore finie…cela, c’est au lecteur curieux de le découvrir.

Ainsi, cette bande dessinée a su relever un défi, celui de m’embarquer. Rien n’était acquis, rétive que j’étais face à des traits qui ne me marquaient pas. Mais rapidement je découvre sous ces coups de crayons, des visages qui en disent long, des postures qui parlent bien plus que des mots…

Et puis transpire par des détails, une époque révolue, mais une mémoire à vif. Une appréhension du passé, d’une histoire pas encore passée, une concordance des temps qui fait toute la saveur de l’Histoire et des histoires.


Bon voyage…si vous prenez la route !


mardi 13 janvier 2015

Iron ou la guerre d’après


S.M. Vidaurri, Cambourakis, 2013.


« Mourir pour des idées… » 

Une bande dessinée, petit format, une couverture en papier cartonné, l’objet semble fragile et précieux, avant même d’ouvrir l’album, on ressent quelque chose de secret.
L’histoire débute, aussitôt.

On entre dans l’intrigue par un énigmatique message transmis. Peu de clés sont données au lecteur pour comprendre de quoi il s’agit, mais un à un, les personnages prennent place et peu à peu une pesanteur inquiétante s’installe. En fuite ou en course, en conflit ou solidaires, les protagonistes se dévoilent sombres, cruels, naïfs, résistants.

L’auteur a choisi de dessiner ses êtres sous la forme animale ; l’on découvre alors une grenouille et un lièvre en discussion, étrange, dérangeant, mais saisissant. Est-ce pour l’auteur un moyen d’éviter de glorifier les uns, sans en vilipender d’autres ? Quels visages d’hommes donner à la désinvolture, à la révolte, à la soumission ? Ce bestiaire élégant suggère bien plus qu’il n’atteste d’une quelconque vérité.

Le choix est judicieux, tout comme l’usage de l’aquarelle et d’une palette de couleurs douces pour décrire une sombre histoire – située dans une zone indéterminée, glaciale, mais largement évocatrice.
La confrontation du dessin faisant l’économie du superflu et de la trame mêlant stratagème et dilemme vient habilement servir cette belle bande dessinée.
Première tentative de S.M. Vidaurri dans le genre, cet opus ne m’a pas laissée indifférente.  
 

«…d’accord, mais de mort lente.» (G. Brassens)