Être entourée de livres, d'images et de mots et tenter d'en dire quelque chose, de partager...

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Un blog à défaut -blogger - (et oui, je cède à la simplicité et je me fais complice de google, tant pis....). Les messages s'affichent des plus récents aux plus anciens...



mardi 27 janvier 2015

Come prima


Alfred, Delcourt, 2013. 

Peu de temps avant que ne s’ouvre une nouvelle édition du Festival d’Angoulême, un retour sur une bande dessinée primée l’an passé.

C’est une histoire entre deux frères, une passion taiseuse. Haineuse ? Au départ, on peut se le demander.

De départs, il en est question dans cette intrigue, à commencer par celui qui amène Fabio, le grand frère, à suivre son cadet. Les voilà sur la route, ensemble, direction l’Italie, la terre de leur enfance. À bord d’un tacot plus que d’une voiture, ils partent de nulle part, l’auteur n’a pas choisi de le mentionner, comme il ne dévoile presque rien non plus de cette fratrie guère chaleureuse.

Tout semble très brouillé.
Le contraste est alors saisissant quand, au détour d’une page, d’une case, la couleur cède la place à une trichromie, évoquant on le comprend, des souvenirs, réminiscences des âges tendres.

Et puis, peu à peu, au fil kilomètres, les couleurs du réel se font moins sombres, les personnages se toisent, apprivoisent un chien, se chamaillent, prennent un passager, s’observent et se découvrent… ils filent vers le sud, les paysages se font moins verdoyants, les terres plus ocres.
Le suspense finit par s’installer. Quand l’équipée rallie l’ultime étape, on avait presque oublié qu’il était question d’arriver. Mais, l’histoire n’est pas encore finie…cela, c’est au lecteur curieux de le découvrir.

Ainsi, cette bande dessinée a su relever un défi, celui de m’embarquer. Rien n’était acquis, rétive que j’étais face à des traits qui ne me marquaient pas. Mais rapidement je découvre sous ces coups de crayons, des visages qui en disent long, des postures qui parlent bien plus que des mots…

Et puis transpire par des détails, une époque révolue, mais une mémoire à vif. Une appréhension du passé, d’une histoire pas encore passée, une concordance des temps qui fait toute la saveur de l’Histoire et des histoires.


Bon voyage…si vous prenez la route !


mardi 13 janvier 2015

Iron ou la guerre d’après


S.M. Vidaurri, Cambourakis, 2013.


« Mourir pour des idées… » 

Une bande dessinée, petit format, une couverture en papier cartonné, l’objet semble fragile et précieux, avant même d’ouvrir l’album, on ressent quelque chose de secret.
L’histoire débute, aussitôt.

On entre dans l’intrigue par un énigmatique message transmis. Peu de clés sont données au lecteur pour comprendre de quoi il s’agit, mais un à un, les personnages prennent place et peu à peu une pesanteur inquiétante s’installe. En fuite ou en course, en conflit ou solidaires, les protagonistes se dévoilent sombres, cruels, naïfs, résistants.

L’auteur a choisi de dessiner ses êtres sous la forme animale ; l’on découvre alors une grenouille et un lièvre en discussion, étrange, dérangeant, mais saisissant. Est-ce pour l’auteur un moyen d’éviter de glorifier les uns, sans en vilipender d’autres ? Quels visages d’hommes donner à la désinvolture, à la révolte, à la soumission ? Ce bestiaire élégant suggère bien plus qu’il n’atteste d’une quelconque vérité.

Le choix est judicieux, tout comme l’usage de l’aquarelle et d’une palette de couleurs douces pour décrire une sombre histoire – située dans une zone indéterminée, glaciale, mais largement évocatrice.
La confrontation du dessin faisant l’économie du superflu et de la trame mêlant stratagème et dilemme vient habilement servir cette belle bande dessinée.
Première tentative de S.M. Vidaurri dans le genre, cet opus ne m’a pas laissée indifférente.  
 

«…d’accord, mais de mort lente.» (G. Brassens)