Jean-Louis Capron, Killoffer,
Seuil,2001
Mâchouillerez-vous un
bubble-gum de la même manière une fois que vous aurez lu cette
bande dessinée, rien n'est moins sur ?
L'histoire semble sortir
d'un pari délirant : édifier la tyrannie du chewing-gum ou de
la pâte à mâcher en francisant le terme. A l'image d'un certain
village gaulois, on découvre, dans les premières pages, une petite
ville paisiblement installée dans une autarcie joyeuse. Les
habitants se rassemblent, c'est le jour du grand défilé, la fête
nationale. Signe particulier, tous masticotent. Ce qu'ils ont dans
la bouche a fait le succès de Monsieur Rosemou. Il règne sur la
ville et la tranquillité de tous, ce jour là, son discours est
attendu....Mais, comme souvent, devant tant d'éclats, les revers
sont bien sombres. Le bonheur est illusoire, et c'est la faille qui
est traquée tout au long de cette bande dessinée.
Le scénario est de
Capron, il réussit à faire rire autant que réfléchir. La pâte
rose se prête aux jeux de mots et ses bulles se marient
ingénieusement à celle du médium.
Album en quadrichromie,
le rose psychédélique est l'unique (ou presque) couleur
venant jouer avec le noir et blanc. Le trait de Killoffer - peut-être familier aux lecteurs de Libération ou de la
cocasse revue Le tigre, convient parfaitement à l'histoire.
Il installe un univers urbain propret et ordonné, mais à observer
de près les cases, des visages hostiles se dévoilent, des
dissymétries font planer une menace, et quand on pénètre les
intérieurs, alors, les mécanismes deviennent monstrueux...
Le rose en politique, une
couleur malheureuse? A chacun de s'en faire une idée....Engagez
vous dans la lecture!