Être entourée de livres, d'images et de mots et tenter d'en dire quelque chose, de partager...

Garder une trace, vaine intention, peut être... Tant pis...

Un blog à défaut -blogger - (et oui, je cède à la simplicité et je me fais complice de google, tant pis....). Les messages s'affichent des plus récents aux plus anciens...



jeudi 30 mai 2013

Être à l'inverse ---------- Du haut ---------- A partir du bas
---------- Faire terre ----------
Transport transpirant 

lundi 27 mai 2013

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Thomas Ott, L'Association, 2008.

Une suite de chiffre et une absence de mots, voilà une bd qui faut la peine d'être découverte. Le dessin est noir et blanc, la bande dessinée est noire - d'espoir ou de désespoir; ces deux là ne se rejoignent-ils pas ? Le dessin est intriguant, presque dérangeant, constitué d'un nombre incalculable de petits traits, il donne le sentiment de mouvements incessants. Cette bande dessinée agit sans parole et vibre pourtant d'une sombre agitation silencieuse.
C'est l'histoire d'un bourreau qui trouve sur le lieu de son labeur, un morceau de papier où est inscrite cette série de chiffre. A l'instant où il le ramasse, elle ne va pas cesser de le poursuivre... A moins que ce ne soit lui? L'histoire de l'oeuf ou la poule, en quelque sorte, mais ici toutefois, plus question de naissance..!

samedi 25 mai 2013

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Mathias Enard, Acte Sud, 2010.

Quelques siècles nous séparent de cette histoire, cependant, le personnage est resté familier à travers le temps. Dépassant la simple familiarité, l'auteur entre dans son intimité. Michel Ange était déjà célèbre quand en 1506, un projet lui est proposé, prestigieux et insolent: un pont sur les rives de Constantinople. Ce court roman raconte cette histoire, est -elle vraie? ce n'est pas ce qui importe, mais plutôt l'homme, pris entre le désir de reconnaissance et l'aspiration à la délivrance. Au delà des plans, des couleurs et des matières, il y a de la poésie, des corps et du sang...le marbre croise la poussière des quartiers animés de la ville, la solitude de l'atelier contraste avec les effluves et les échos musicaux de chaudes soirées urbaines. Les chapitres se succèdent rapidement, l'écriture est poétique, si c'est un conte...il opère... «Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants»...

 
«Ton ivresse m'est si douce qu'elle me grise. Tu souffles doucement. Tu es en vie»
[p.66]

mercredi 22 mai 2013

La moisson rouge [Red Harvest]

Dashiell Hammett, 1929. 
Dans une traduction révisée par Henri Robillot, Gallimard, Série noire, 1950.


Des dialogues bien taillés et des mots bien lestés,une écriture qui fait mouche!


L’Amérique des Années 20,

Une sombre histoire de gros bras,

C'est fou, comme le noir peut être séduisant, quand il est teinté de rouge...

sanglant!


dimanche 19 mai 2013

l’Étranger

D'après l'oeuvre de Camus, Jacques Ferrandez, Gallimard, 2013.
" Comme si devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde... "
Le texte de Camus, m'avait interpellé lorsque je l'ai lu pour la première fois. En découvrant ses mots dans la bande dessinée, j'ai retrouvé certaines de mes premières impressions...
Au delà de donner corps aux personnages, Ferrandez esquisse et dessine une ambiance méditerranéenne teintée par les souvenirs d'une époque révolue. Il fait chaud à Alger, et cette chaleur, cette moiteur transpire dans les pages. Plus que le personnage de Meursault, c'est la ville d'Alger ainsi figurée qui me reste en mémoire en refermant cette bande dessinée.


samedi 18 mai 2013

Jeu de lumières

Carlos Sampayo, José Muñoz, Albin Michel, 1988.
Vanité, orgueil ? Etrange personnage ? Un hibou, la sagesse ? Le théâtre de la vie à la scène, où se situe l'interstice ? Quand cesse-t-on d'être personnage ? Y-a-t il des limites à la personne ? Et le jeu dans tout ça ? Voilà une bande dessinée qui me pose bien des questions..
Le noir et blanc opère efficacement pour ce « jeu de lumières ». Au premier regard, les formes sont obscures, puis peu à peu elles se façonnent, des contrastes et des lignes émergent et cependant à la case suivante l’œil doit réajuster son focus pour découvrir le contenu...un exercice qui peut paraître exigeant, mais il donne à la lecture une autre dimension. Les mots répondent aux images, et eux aussi il faut parfois les chercher, au bas d'une case, où à sa droite. Le texte est un jeu d'emboitements, des citations s'y glissent et des idées surgissent. Lire cette bande dessinée c'est comme pénétrer dans un labyrinthe, le plaisir de s'égarer...

jeudi 16 mai 2013

Ararat, la montagne du mystère


Paolo Cossi,Vertige graphic, 2013


Proximité géographique avec le billet précédent, ce n'est surement pas un hasard. Le mont Ararat est l'un de ces points terrestres évocateurs où je laisse volontiers mes pensées s'accrocher...un jour peut être j'irai là bas...?
Paolo Cossi est italien et il nous parle d'Arménie. En lisant la préface, j'ai eu un peu peur, aïe! se pourrait-il que cette bande dessinée joue sur l'air - triste, des sentiments nationaux? Il y a plusieurs histoires dans cette histoire, de la fiction au récit historique, les frontières sont habilement floues et c'est pour moi, la réussite de ce petit livre.
Azad Vartanian, jeune chercheur romantique est convaincu d'avoir trouvé niché sur l'Ararat, la localisation des vestiges de l'arche de Noé. Son périple a déjà commencé quand le lecteur fait connaissance avec lui. En chemin, se nouent des rencontres déterminantes à tout point de vue...Elles sont l'occasion d'échanges et de partage, de découvertes culinaires et culturelles et tout simplement d'expériences humaines. Par les images et avec peu de mots l'auteur parvient aussi à évoquer avec une assez grande justesse et discrétion, la douloureuse histoire de ce petit bout de terre pris dans le jeu des nations...

dimanche 12 mai 2013

L'Orme du Caucase


Ryūichirō Utsumi /Jirō Taniguchi, Casterman, 2004.

Des nouvelles d'Utsumi adaptée en BD par Taniguchi se dégage un sentiment d'apaisement, une quiétude qui s'ébauche. Ce ne sont pas des histoires extraordinaires mais des histoires intimes qui se jouent dans le quotidien des jours. Savoir ouvrir les yeux et prendre le temps de regarder ce qui est autour de soi, ceux qui nous entourent. Si les conventions et coutumes de la société japonaise, paraissent à mes yeux d'européenne exotiques, elles me donnent la sensation d'être tout aussi aliénantes que celles régissant ici. Elles s'imposent aux personnages et chacun à sa manière les subit ou se les approprie, pas de révolte dans ces pages, plutôt du compromis, des accommodements et parfois du renoncement. Le malaise ressenti certaine fois n'est jamais ce qui reste à la fin de l'histoire; le trait fin, délicat et doux de Taniguishi fait certainement effet. Chaque case est minutieusement dessinée mais rien n'est jamais superflu. Le végétal et le bâti cohabitent avec simplicité. Dans ces paysages, les personnages déambulent, et leurs visages s'expriment, mais ils ne sont jamais qu'un élément de l'ensemble, se dégage ainsi un sentiment d'harmonie, où rien ne prévaut. Certaines cases s'observent comme des tableaux, c'est beau.

C'est le titre qui m'a poussé à choisir ce livre « l'Orme du Caucase »...une telle invitation, je n'ai pu résisté. J'ai débuté la lecture sous le feuillage frais et printanier d'un arbre citadin et je ne l'ai pas regretté.

samedi 11 mai 2013

Enervé par la colère
Un beau soir, après la guerre
J'ai balancé ma télé par la f'nêtre
Comme j'suis un garçon primaire
Je m' suis dit: "un militaire
Avec un peu d' bol
S' la mange en pleine tête"
      L'aquarium, Renaud, (Marchand de cailloux, 1991)

jeudi 9 mai 2013

Abymes

Valérie Mangin, avec Griffo, Loïc Malnati et Denis Barjam pour le dessin.
Dupuis, 2013, (3 tomes).

Il s'agit d'une trilogie, mais c'est indéniablement le troisième tome qui m'a fait le plus d'effets, et rétrospectivement, à mon avis, les deux précédents font figure de faire-valoir.
Le premier tome met en scène Honoré de Balzac découvrant tout les jours un épisode de sa propre vie dans les pages de la «Revue de Paris » éditant ses propres romans sous forme de feuilletons. Canular, mascarade, complot ? Les enchâssements débutent... L'histoire du second tome, se déroule peu après la fin de la guerre, en 1946 Henri-Georges Clouzot, un cinéaste français au succès grandissant, décide de réaliser un film sur la vie de Balzac...La mise en abyme continue...
Dans ces deux albums, l'intrigue est bien menée, trop bien menée? Le dessin est pour chaque épisode soigné, minutieux, l'ensemble me paraît un peu trop carré presque arithmétique...Je suis donc un peu dubitative. Un laps de temps se passe avant que je puisse lire le troisième tome...et c'est alors que le charme opère, inévitablement.
L'histoire débute toujours à Paris, mais quelques décennies se sont encore écoulées. Les premières pages mettent en scène une jeune étudiante pour qui Balzac est plus que familier. Le lecteur découvre vite qu'il s'agit de Valérie Mangin, l'auteur de la trilogie, la situation devient cocasse, l'intrigue se complexifie et cela devient nettement plus stimulant!
Et puis... je dois bien admettre... si j'ai autant accroché avec le troisième tome, c'est qu'à certains égards, la mise en abyme s'est poursuivie de manière plus intime...Une étudiante, lectrice de bande dessinée, un changement de cap, une formation archivistique...il y a de ces coïncidences qui font sourire!

mardi 7 mai 2013

à l'ombre de la gloire


Denis Lapière, Aude Samama, Futuropolis, 2012.

Cette bande dessinée a réussi à m'interpeller par la force d'évocation de ses auteurs. Les tableaux se succèdent, le dessin ne s'encombre pas de détails, une simplicité qui ne rime pourtant pas avec sobriété. La narration est peu loquace mais elle n'en est pas moins efficace, et si parfois elle est lyrique, elle est le plus souvent tranchante.
Deux vies se croisent, un jeune homme fougueux, une jeune femme séductrice, une amourette. Les deux personnages cherchent à conquérir la gloire, un nom, une reconnaissance, mais au bout des chemins que restera-t-il ? Derrière cette trame, somme toute assez banale, quelque chose de plus sombre et impersonnel se fait sentir. C'est l'histoire d'une époque  celle des années 1920-30 et de l’Europe qui se façonne jour après jour dans les sillons culturels, entre ville et campagne, entre grand monde et petites gens, entre la métropole et dépendances. A l'instar des personnages, les idéologies mènent leurs combats et la guerre n'est pas loin...mettre K-O un adversaire, conquérir le cœur des hommes, lutter pour la justice, échafauder la «solution finale», les frontières se font floues et le malaise s'installe...
C'était hier,mais aujourd'hui cela a-t-il beaucoup changé?
Et là, me vient un petit air de Brassens....
Trompettes...de la Renommée,
Vous êtes bien mal embouchées !