Denis
Lapière, Aude Samama, Futuropolis, 2012.
Cette
bande dessinée a réussi à m'interpeller par la force d'évocation
de ses auteurs. Les tableaux se succèdent, le dessin ne s'encombre
pas de détails, une simplicité qui ne rime pourtant pas avec
sobriété. La narration est peu loquace mais elle n'en est pas
moins efficace, et si parfois elle est lyrique, elle est le plus
souvent tranchante.
Deux
vies se croisent, un jeune homme fougueux, une jeune femme
séductrice, une amourette. Les deux personnages cherchent à
conquérir la gloire, un nom, une reconnaissance, mais au bout des
chemins que restera-t-il ? Derrière cette trame, somme toute assez
banale, quelque chose de plus sombre et impersonnel se fait sentir.
C'est l'histoire d'une époque celle des années 1920-30 et de
l’Europe qui se façonne jour après jour dans les sillons
culturels, entre ville et campagne, entre grand monde et petites
gens, entre la métropole et dépendances. A l'instar des personnages,
les idéologies mènent leurs combats et la guerre n'est pas loin...mettre K-O un adversaire, conquérir le cœur des hommes, lutter pour la justice, échafauder la «solution finale», les
frontières se font floues et le malaise s'installe...
C'était hier,mais aujourd'hui cela a-t-il beaucoup changé?
Et là, me vient un petit air de Brassens....
Trompettes...de
la Renommée,
Vous êtes bien mal embouchées !