Marc Malès, Les Humanoïdes Associés,
2007
M'a déjà interpellé la
femme sur la couverture ni souriante, ni antipathique, elle pose en
robe rouge regardant celui qui la scrute.
Katharine Cornwell, son
nom est donné par le titre. Je découvrirai plus tard qu'il s'agit
seulement d'un personnage de fiction, non d'une biographie. En
ouvrant l'album, le contraste est saisissant entre les couleurs de la
couverture, et la sobriété du noir et blanc des pages. Le style est
intriguant. Étrangement il m'évoque certains dessinateurs
américains qui avaient bonne presse dans les « illustrés
français d'antan ».
Je me laisse embarquer.
L'histoire se situe,
elle-aussi dans l'entre-deux-guerres, aux États-Unis. Le temps de la
création et celui de la narration se mêle par le dessin,
premier
télescopage.
Les pages d'ouverture ont de quoi dérouter le lecteur,
mais je n'en dis pas plus. Katharine est actrice, elle tient le rôle
principal d'une pièce, cette fois-ci bien réelle : L'étrange
intermède. L'auteur, Eugène O'Neill a été une figure du réalisme dramatique américain des années 1930. La fiction dérobe
la réalité.
La pièce s'articule autour de non-dits familiaux et
d'un couple mal assorti. Coïncidences ? Elle fait écho au
parcours de cette femme. Elle, semble un peu perdue, bien taiseuse et
pas vraiment heureuse.
Où se situe la limite et quel est ce secret
qui sans jamais se dire, transpire ?
La trame narrative de
cette bande dessinée a tout du mélodrame, pari risqué, tant le
genre est éculé! Cependant, Marc Malès réussit à se l’approprier pour
mieux le détourner. Il joue avec les frontières entre fiction(s) et
réalité(s), et son personnage se perd entre les vraisemblances et
les apparences,la scène et le reste...
Une mise en abyme
agréablement servi par un dessin élégant, cette bande dessinée
est à découvrir.
Bande tirée de la page 74.
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