Nadja, Cornelius, 2010
«Ferme les yeux et dis quelque chose. N'importe, un chiffre, un prénom. Comme ceci (elle ferme les yeux): Deux, deux quoi ? Deux femmes.»
L'une est dans l'histoire, la seconde la dessine et rajoutons ici, celle qui tourne les pages.
La première a les
cheveux noirs, de grands yeux et quelques traits suffisent à
dessiner son corps de femme. Un corps abîmé par la brutalité d'un
homme. De ses deux mains, elle ne sait pas quoi faire, hésitant
entre le crayon et le pinceau. Ses pensées, sombres parfois, souvent
s'évadent. Et puis un jour, la fuite. Mais où ? Le personnage
autant que le lecteur se pose la question. Mais où ? Mais qui ?
Au fil du scénario des réponses s 'ébauchent et le titre un
tantinet fleur bleue, s'élucide.

« Qui suis-je? Si par exception je m'en rapportais à un adage: en effet pourquoi tout ne reviendrait-il pas à savoir qui je «hante» ? Je dois avouer que ce dernier mot m'égare, tendant à établir entre certains êtres et moi des rapports plus singuliers, moins inévitables plus troublants que je ne pensais. Il dit beaucoup plus qu'il ne veut dire, il me fait jouer de mon vivant le rôle d'un fantôme, évidemment il fait allusion à ce qu'il a fallu que je cessasse d'être, pour être qui je suis. »
Première ligne de Nadja,
roman d'André Breton dont sont aussi tirés les mots du haut.
Citations tirées de
l'édition Gallimard, 1963, respectivement p.87 et p.9.
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