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mardi 6 mai 2014

Apprendre à finir

 
Laurent Mauvignier, Les éditions de minuit, 2004, 126 p.
Paru la première fois en 2000.






D'une découverte d'un livre à une lecture.
Itinéraire partagé.


Trouver ce que l'on ne cherche pas. C'est là, un des plaisirs de la recherche. Dans les rayons de la bibliothèque, je cherchais un roman, pas celui-ci.  
«Apprendre à finir» a stoppé net mon regard sur les étagères. Le titre évocateur a fait résonances ... quelque part. Je ne connaissais pas l'auteur, en le prenant dans les mains, j'ai déjà vu l'image de couverture.

La maison rouge de Casimir Malevich. Ce tableau me plaît. Il y a un horizon à la fois simple et nu et pourtant majestueux. Il y a cette maison. Fermée du derrière, je l'imagine béante à revers, absorbant la chaleur du soleil, la fugacité du vent, ouverte sur l'espace sans limite. 
Cependant, apprendre à finir.

Ne lisant pas les quatrièmes de couverture, je regarde en revanche, chaque fois, la liste des publications précédentes de l'auteur. Ce n'est le premier roman de Laurent Mauvignier. Avant, il y a eu « Loin d'eux », et puis ensuite, sont venus «Ceux d'à côté», «Seuls», «Le lien», «Dans la foule», «Des hommes». Autant de titre, pour se situer, pour s'attacher.
C'est décidé, je l'emprunte, son petit format, un peu plus de 100 pages, me convainc davantage...ce n'est déjà plus la peine.
                                        

Lu, une fois encore sur les rails, entre deux points, non située. La narration, elle, est toute focalisée. Elle concentre un discours intérieur, unique et douloureux, celui d'une femme qui doute et qui souffre. Elle raconte les déchirures d'un être, d'un corps, d'un couple et d'une famille. Parcours accidentés, c'est aussi l'histoire de guérisons volontaire et défaitiste. Celle d'un corps que se meut; celle d'un esprit qui s'éclaircit. La chair autant que les pensées sont livrées au lecteur par une écriture sensorielle et mentale. Les mots assènent, reflètent un monologue lancinant. Ils cherchent à s'extirper, mais dans la page, entre les virgules, dans la tête, insidieusement ils sont contenus.
Rumination entêtante, phrase après phrase, la lecture fait mal. C'est là que l'auteur touche le lecteur. De celui-ci, il n'en fait pas un voyeur, mais le rend mal à l'aise. Ni au dedans de cette femme, ni à côté, on ne veut être nulle part. Les phrases sont longues, on cherche à respirer, on cherche à s'échapper. Sans issue ? 
Et pourtant apprendre à finir. 

La maison rouge, Casimir Malevich, 1932

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