Laurent Mauvignier, Les
éditions de minuit, 2004, 126 p.
Paru la première fois en
2000.
D'une découverte d'un
livre à une lecture.
Itinéraire partagé.
Trouver ce que l'on ne
cherche pas. C'est là, un des plaisirs de la recherche. Dans les
rayons de la bibliothèque, je cherchais un roman, pas celui-ci.
«Apprendre à finir» a stoppé net mon regard sur
les étagères. Le titre évocateur a fait résonances ...
quelque part. Je ne connaissais pas l'auteur, en le prenant dans les
mains, j'ai déjà vu l'image de couverture.
La maison rouge de
Casimir Malevich. Ce tableau me plaît. Il y a un horizon à la fois
simple et nu et pourtant majestueux. Il y a cette maison. Fermée du
derrière, je l'imagine béante à revers, absorbant la chaleur du soleil, la fugacité du vent, ouverte sur l'espace sans
limite.
Cependant, apprendre à finir.
Ne lisant pas les
quatrièmes de couverture, je regarde en revanche, chaque fois, la liste des publications précédentes de l'auteur. Ce
n'est le premier roman de Laurent Mauvignier. Avant, il y a eu « Loin
d'eux », et puis ensuite, sont venus «Ceux
d'à côté», «Seuls», «Le lien»,
«Dans la foule», «Des hommes». Autant de
titre, pour se situer, pour s'attacher.
C'est décidé, je
l'emprunte, son petit format, un peu plus de 100 pages, me convainc
davantage...ce n'est déjà plus la peine.
Lu, une fois encore sur
les rails, entre deux points, non située. La narration, elle, est
toute focalisée. Elle concentre un discours intérieur, unique et
douloureux, celui d'une femme qui doute et qui souffre. Elle raconte
les déchirures d'un être, d'un corps, d'un couple et d'une
famille. Parcours accidentés, c'est aussi l'histoire de guérisons
volontaire et défaitiste. Celle d'un corps que se meut; celle d'un
esprit qui s'éclaircit. La chair autant que les pensées sont
livrées au lecteur par une écriture sensorielle et mentale. Les
mots assènent, reflètent un monologue lancinant. Ils cherchent à
s'extirper, mais dans la page, entre les virgules, dans la tête, insidieusement ils sont contenus.
Rumination entêtante,
phrase après phrase, la lecture fait mal. C'est là que l'auteur
touche le lecteur. De celui-ci, il n'en fait pas un voyeur, mais le
rend mal à l'aise. Ni au dedans de cette femme, ni à côté, on ne
veut être nulle part. Les phrases sont longues, on cherche à
respirer, on cherche à s'échapper. Sans issue ?
Et pourtant
apprendre à finir.
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La maison rouge, Casimir Malevich, 1932 |