J. Muñoz et C. Sampayo, Casterman, A suivre, 1981.
Ces deux là décidément me plaisent !
Parce que les histoires sont plurielles, chaque lecture se fait individuelle, aucune n'est solitaire.
Dans les dessins, comme dans les mots rien ne se livre jamais directement, mais rien n'est compliqué non plus. Les contrastes du noir et du blanc sont par nature saisissants, ils impressionnent et forcent l'oeil à scruter tous les coins de la case, tous les coins de la page....
Dure, c'est la vie, coulante, c'est encore elle, narrée et dessinée. La lecture se teinte d'un amer tendre et cruel qui, l'album refermé ne se fait pas oublier....
Le Bar à Joe est comme son nom l'indique un rade où se brasse une multitude qui passe, parfois une fois, parfois souvent, et parfois plus le pas de la porte. En cinq chapitres, ce sont les vies d'un sans-papiers, de buveurs de Daikiri, d'une ex gloire de la boxe, d'un couple d'amoureux, d'un père et d'un fils, qui se suivent, s'entremêlent tout en s'ignorant. Derrière, et devant se glissent d'autres histoires anonymes. Muñoz et Sampayo ont la magie du liant, de l'enchevêtrement qui jamais n'accumule. Sur ou sous exposée, en premier comme en arrière-plan, la profondeur des êtres et la surface vicieuse de la vie se dévoilent tour à tour.
A noter, dans cette édition, la préface de Jean Vautrin, d'où ce petit paragraphe:
"A l'aube merci Joe de balayer nos chiures, nos fantasmes, nos cris et nos bouts filtres. Il faut bien repartir. La foule nous absorbe à nouveau. Ce sera long jusqu'au soir!"
Et puis,
Alack Sinner, déjà croisé par là, se retrouve ici, aussi, au Bar à Joe....
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