Emmanuel Guibert, David B., Dupuis, (collection Aire Libre) 2000
A
regarder mon visage on devient fou, on meurt ou on devient sage.
Choisis.
Cette
bande dessinée emprunte les arcanes de la littérature populaire.
Fantaisie
et cruauté s’y côtoient allégrement.
La poésie des rustres, des cœurs et des rêveurs entraîne le lecteur
dans une histoire moins sordide qu’elle n’en a l’air.
L’aventure
se conjugue au pluriel.
On
fait connaissance d’un écrivain qui «apprécie l’argot
parce que c’est un livre d’images » et les yeux d’une
belle qui s’échappe de lui chaque soir pour rejoindre le royaume
de la nuit.
L’on
y croise le monde de la ville, de la pègre des bas-fonds à la
petite bourgeoisie de commerce. Entre eux, un inspecteur véreux qui
ne souhaite que « protéger les riches des pauvres » et
dirigent des flics peu glorieux.
Mais,
c’est sans compter les pirates, ceux-là n’ont pas peur du sang,
du combat et de la mort. Ils jouent leur vie contre l’éthique de
leur camaraderie et l’étoffe de leurs rêves.
Croqués
par le trait épais de David B, tous ces personnages possèdent au
moins un visage.
Tous,
sauf un, dissimulant le sien derrière un masque énigmatique,
capable
de provoquer des tempêtes, il vogue avec son équipée
sur
son vaisseau dans le ciel de Paris.
L’aventure
est assurée, rythmée
par un contre la montre
ne défiant pas le temps, plutôt la vraisemblance.
Les
péripéties se succèdent de pages en pages.
Les
situations aussi réalistes qu’incongrues,
mêlent
l’horreur à l' humour, la
douceur à la stupeur.
Les
cases sont pleinement investies par des couleurs vives et contrastées
Le
ciel est bleu, mauve, jaune,
La
ville est verte rousse ou noire.
Un
charmant désordre puisqu’il n’est pas chaotique
Celui
qui cherche une morale a de grandes chances d’être déçu.
La
vie se joue dans les rêves.
Hors
normes mais près des hommes.
Voila
où semble se situer ce bel album de bande dessinée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire