Être entourée de livres, d'images et de mots et tenter d'en dire quelque chose, de partager...

Garder une trace, vaine intention, peut être... Tant pis...

Un blog à défaut -blogger - (et oui, je cède à la simplicité et je me fais complice de google, tant pis....). Les messages s'affichent des plus récents aux plus anciens...



mardi 18 mars 2014

Le garage hermétique


Moebius, Les Humanoïdes Associés, 2000 (1979)


Bande dessinée parue en feuilleton, elle est rythmée par cette périodicité. Ni en s'entrechoquant, ni en s'alignant, les épisodes s'enchevêtrent dans une logique incertaine et dense qui ouvre le champ à des possibles multiples. On pénètre alors dans un univers, un espace indéfini et pourtant minutieusement circonscrit.

Les lire d'une traite comme le propose l'intégrale est certainement une expérience tout autre que de les découvrir à chaque nouvelle livraison de Métal Hurlant où ils furent initialement publiés dans la seconde moité des années 1970. Consciente  de cet avantage, j'y ai pris un souverain plaisir de ne pas avoir à patienter. Embarquée dans l'aventure, j'ai marqué plus d'une fois mes propres temps de répit, revenant aux pages précédentes, empruntant divers chemins de lecture.


L'auteur joue de la contrainte séquentielle propre à la bande dessinée, redoublée ici, par celle du feuilleton. Elles deviennent de véritables sources de création. Le découpage graphique est d'une richesse impressionnante, les planches sont soignées et les bandeaux et résumés sont directement insérés au reste de la page et à la narration.

  
Bande dessinée de science fiction, il n'est pas difficile de se laisser partir dans l'univers décrit, de s'y perdre aussi. Hermétique tout semble pourtant poreux, menacé et finalement en déliquescence. En partance, les personnages le sont tous. En urgence, en quête, en fuite ou en exil, le déplacement est incessant. Les dessins sont voluptueux, les faciès et les corps volontairement androgynes, les frontières se brouillent ici aussi et l'on se questionne sur le sens d’hermétisme....
 

Alors, vient le burlesque. L'humour titille et ne cesse de piquer le lecteur, il pose une certaine distance avec le récit, il empêche de complètement se laisser happer et conduit finalement à toujours plus s'interroger. 


L'album est  enfin riche en références. Qu'elles soient  internes au champ de la bande dessinée ou à l'époque culturelle dans laquelle elle fut créée, Moebius se fait plaisir et semble s'amuser avec celui qui le lit.
Je n'ai probablement pu n'en saisir que quelques-unes, mais cette intertextualité –est-ce le mot qui convient- apporte une fois encore un niveau de lecture supplémentaire.

  
Une histoire insoupçonnable, une lecture inter-scalaire, cet album fut pour moi une vraie découverte et une belle entrée dans l'univers de Moebius qui jusque-là, restait un horizon largement inconnu.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire