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mardi 4 février 2014

Aâma


Frederik Peeters , Gallimard, série en cours, trois tomes parus 2011-2013.

Ce ne sont pas les premiers ouvrages que je lis de cet auteur et à chaque fois, je suis surprise, agréablement, mystérieusement. Et pourtant, à chaque fois aussi, la même appréhension, fais-je rentrer dans l'histoire alors que de prime abord, le trait du dessin ne me séduit pas ?

Il y a déjà eu Pillules Bleues, bande dessinée en noir et blanc qui aborde la question du SIDA dans une vie de couple.

Et puis il y a eu Lupus, série en quatre tomes, encore en noir et blanc qui irrésistiblement m'a marquée. ( Je reviendrais certainement dessus).

Et puis plus récemment Aâma.

Cette fois ci, la couleur fait irruption dans les pages, ce qui ne vient pas gâcher le plaisir. J'ai vite oublié l'appréhension de départ, l'auteur construit un univers inédit et fantastique. Oeuvre de science-fiction, certainement, le genre m'est si peu familier. Elle narre à la fois une aventure collective et individuelle. Et c'est bien là la réussite de cette série, du moins c'est par là qu'elle m'interpelle. Récit d'aventure, la trame narrative se densifie, l'intimité d'un individu se mêle à celui plus vaste d'une entité mal définie, l'humanité ?

Le premier tome débute dans un futur indéterminé, au sein d'une société étagée, au sens propre et figuré, où la technologie est « presque » devenue naturelle, intégrant le corps et les esprits des hommes. Seuls quelques-uns perçus comme sectaires, revendiquent le droit de vivre sans l'aide de cette dernière.

Le lecteur y fait la connaissance de Verloc, c'est lui qu'il va suivre dans ce récit.Un être, un peu perdu entre colère et désespoir...Embarqué par son frère dans une mission qui a pour but de ramener une poignée de scientifiques d'une planète inhabitée où ils devaient réaliser des expériences dont au départ on ne sait peu de chose.

Verloc atterrit donc dans un monde inconnu où se déroule l'histoire qui au fil des pages et des albums mais aussi des flashbacks prend toute son ampleur et son intensité...

Tombée presque par hasard sur une émission de radio où intervenait Frédéric Peeters, je l'ai entendu reprendre les mots de Moebius parlant de science-fiction «la possibilité par la création de paysages extérieurs de recréer des paysages intérieurs». Il y a une part d'autobiographie dans cette bande dessinée. L'auteur ne s'en cache pas, «comment ne pas mettre de soi, dans un projet qui va s'entendre sur plusieurs années?!». Mais plutôt que de venir s'étaler, cette part d'introspection vient saisir le lecteur dans sa propre intimité, s'en dégage alors une étrange familiarité avec cet univers imaginé. De vastes pleines presque désertiques où la tension est palpable succèdent à des jungles monstrueuses, les paysages de Peeters sont plus que surnaturels et c'est là, tout à la fois leur beauté, leur danger et leur cruauté....

Une bande dessinée qui, arrivée à son troisième tome, n'en finit pas de gagner en densité...à suivre donc !

1 commentaire:

  1. Une belle chronique pour une série de Peeters que je m’apprêtais à lire : je viens de relire Lupus et de m'offrir la réédition (augmentée!) de Pilules bleues, alors je me suis dis que c'était le moment de la découvrir. Je te dirais ce que j'en pense très prochainement.

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