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samedi 29 août 2015

Tina Modotti.

Ángel de la Calle (traduit de l’espagnol par Rachel Viné-Krupa).
Coédition Vertige Graphic / Envie de lire, 2011

Partir sur les traces d’un personnage, tel est le projet de cette bande dessinée.


Tina Modotti est une femme d’exil, de couleur, de souffrance et d’amour. 
Son parcours mêle engagement politique – communiste – et artistique – la photographie. L’un cédant la place à l’autre. Passionnément, elle avance, conjuguant les refus, l’abandon et la lutte.

Plus qu’une biographie, ce récit narre la rencontre de l’auteur et cette femme. Approche réflexive et parcours croisés,il invite le lecteur dans sa propre quête. Il navigue dans un monde bâti, détruit, trahi, une époque écoulée, aborde le cœur d’une femme, univers insondable.

Pas de déballage, un regard toujours pudique. L’auteur ne choisit pas, il parle d’elle, il part d’elle. Exigeant dans son enquête, mais aussi respectueux. Militant de son temps, il n'est pas prescripteur. Il parle d’une histoire sombre, belle et cruelle. Débordant l’écrit historique, il se situe ni en deçà ni au-delà, mais dans un espace de vies, vécues, appréhendées, imaginées.

La lecture est dense, l’auteur ne fait pas l’économie des mots. Il laisse souvent place à la parole conservée, introduisant des extraits de correspondances, mais aussi des écrits d’auteurs contemporains d’hier et d’aujourd’hui. Les corps dépouillés par des formes graphiques simples, n’en sont pas moins présents, vivants et morts. A la lumière des images les mots s'éclairent et les images se révèlent à la force des mots.

Le traitement de l’archive est pleinement visuel, comment rendre l’expérience photographique de Tina, à travers une bande dessinée ? De son œuvre, il reste des clichés, quelques-uns exposés dans des musées et galeries et d’autres conservés dans des albums. La matière photographique n'est pas introduite, directement. Jamais brutes, l'auteur s'approprie les photographies par le dessin. Plus qu’une simple représentation, moins qu’une interprétation, il les incorpore à la trame narrative et séquentielle des pages. Par ces détournements, il apporte un souffle de vie et retrace les contours d'histoires saisies par l'objectif.

Curieux, le lecteur peut découvrir à la fin de l’ouvrage, plusieurs reproductions photographiques, une bibliographie et quelques notes de l’auteur. Dévoilant son atelier, il invite à prolonger la découverte de l’œuvre de Tina Modotti, à poursuivre la mise en perspective des utopies en germe, des illusions déçues.


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