Être entourée de livres, d'images et de mots et tenter d'en dire quelque chose, de partager...

Garder une trace, vaine intention, peut être... Tant pis...

Un blog à défaut -blogger - (et oui, je cède à la simplicité et je me fais complice de google, tant pis....). Les messages s'affichent des plus récents aux plus anciens...



mardi 30 septembre 2014

Daytripper

Gabriel Bá et Fábio Moon,
Urban Comics, Vertigo, 2012 (version originale, 2011)

On dit parfois que l'on a plusieurs vies...et donc plusieurs morts.

Des morts, le personnage principal, en invente chaque jour.
Trentenaire un peu désappointé, Bras, se charge de la rubrique nécrologique d'un quotidien brésilien. Il aspire cependant à autre chose, une autre forme d'invention qui ferait de lui, quelqu'un. S'il est un modeste chroniqueur son père, écrivain, fait la une du journal. Ils sont liés et en même temps séparés par ce désir d'écrire. L'histoire débute le jour d'une réception municipale organisée en l'hommage du paternel. Ce soir là, il fait chaud à São Paulo et la lourdeur des cœurs rencontre celle du climat tropical.

Des morts, les auteurs en inventent plusieurs.
Dans cette bande dessinée en dix « chapitres », c'est toujours Bras et ses proches, toujours lui-même et pourtant chaque fois différent. Le lecteur apprend à le connaître, à le reconnaître, il le découvre comme lui-même se découvre. L'écriture est habile, les dessins à mon goût quelquefois maladroits, mais la narration est inventive, intuitive et poétique.

Écrit à quatre mains par deux frères jumeaux, comment ne pourrait-il pas y être questions de liens ?
Des liaisons intimes, amoureuses, amicales, fraternelles et filiales mais aussi d'autres moins perceptibles, celle de l'être et de la terre, du dedans et du dehors.
L'histoire commence en ville, puis débordera bien souvent les frontières urbaines, plongeant le lecteur au cœur d'un Brésil, d'une Amérique latine qui respire par les forêts, les plaines et qui s'ouvre vers de larges horizons.Le pays se dessine pris entre traditions, folklore, modernisation et marchandisation. Et puis, toujours Bras, un cœur qui bat,et se débat parmi tout ça...

Une jolie bande dessinée.

mardi 16 septembre 2014

De mal en pis

Alex Robinson , Rackham, 2004.

L'histoire de ce roman graphique américain s'installe au cœur d'un petit réseau de jeunes new-yorkais entre deux âges. Voilà qui pourrait ressembler à une enquête ethnographique, mais non, il s'agit bien d'une fiction : une saga amicale avant d'être familiale et sentimentale. Paru depuis plus d'une décennie (2001), les faits qui s'y déroule préservent pourtant bien toute leur acuité.
On entre dans la ronde sans intrusion par un des personnages, et puis au fil des pages, on pénètre au sein de ce petit monde, entre les coups de gueules et les éclats de rires, la franchise et les non dits... on détecte les animosités et les penchants, les angoisses derrière les masques. Avec le temps, les liens se resserrent ou s'étiolent, pour certains des déceptions, pour d'autres de l'amertume, et pour quelques-uns, simplement une joie de partager et d'être ensemble. Il y a quelque chose d'authentique là-dedans, qui simplement advient.

 « Box Office Poison », le titre originel est plus acère que la traduction, il dévoile aussi plus volontiers le ton le grinçant du livre. En jonglant avec les différents protagonistes, l'auteur confronte les points de vues, les situations et les temporalités, c'est parfois troublant. Mais, la narration est solide, bien ficelée et le lecteur n'a pas de quoi s'égarer.

Enfin, un avertissement ou une invite, c'est selon : L'album compte 600 pages, ça peut rebuter certains...De mon côté, j'ai choisi l'été pour l'ouvrir. Je ne le regrette pas.
Bien séquencé, le livre se prend, se pose, et finalement se termine sans crier gare...

mardi 2 septembre 2014

Apnée

Zviane, PowPow, 2010

 Voila, une bande dessinée sobre et sombre.

M, aime, hum,
Tenue parfois est la différence entre deux mots...
Sobre, par la graphie, le papier et les séquences bruts.
Les formes prennent corps par des lignes continues, noires et épurées.
Sombre, par l'histoire, le sujet et les expressions presque absentes des visages.

« Il y a comme une odeur d'eau »
Cette expression ponctue l'histoire de part et d'autre.
Étrange sensation, n'est-ce pas ? Tenter de la définir, tenter de la ressentir est désarmant.

En quelques mots et avec de longs silences graphiques et littéraires, Zviane, auteur québécoise fait plonger ses lecteurs dans le monde étanche de son personnage...une indéfinissable apnée.